un chant


elle n’a rien dit depuis longtemps ne sait que taire son silence comme un chant qui bourdonne au loin un bruit sourd un chemin elle n’a rien dit et pourtant je l’entends
faudrait fouiller en soi chercher profond trouver la soie le bon quitte à laisser de côté ce en quoi on croit et cela même le jeter tout refaire reprendre une nouvelle voix
ces mots qu’elle disait assise près de moi et ceux combiné à la main depuis une cabine de verre de l’autre côté du rideau de fer ces mots dans cette ville prononcés tout bas qu’on rejoignait par une route bordée d’acier tissé je m’en souviens
je me souviens du voyage en car parti de paris-bagnolet la route interminable les barbelés et par la fenêtre juste de voir une étendue déserte ravagée pourtant le mur était tombé la ville à se refaire mais le boyau étiré intact et des évolutions récentes n’avait eu que faire
là-bas la ville érigée nos corps dans le froid nos corps dans la rue parallèles à marcher tournant ici bifurquant là dédale infini la ville étalée je me souviens des façades sonnant creux la pierre et le béton d’un manteau laineux habillées et les enduits grattés colorés qui recouvraient je me souviens des rues larges où un vent gelé et invisible glaçait nos mains et joues je me souviens des autos des bus et des vélos entassés partout
je me souviens du vide ville presque déserte mais je ne me souviens pas y avoir croisé un être
juste ce bruit ce grondement un souffle peut-être
le sien seulement



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 24 juillet 2013.