on dirait


on dirait ce matin le marronnier triste
branches courant le long du tronc
abattu presque
ou bien est-ce
juste avant son exécution
ses feuilles perlent sur ses jours
son bois craque
nervures œillets moignons
les bourgeons le fuient
comme hier aujourd’hui
il fait gris
l’air est flou
l’herbe et les orties peinent à se maintenir vertes
tout ici déjà fatigue
et le mur de l’église prend pour lui
le peu de lumière qu’il reste
et le marronnier me parle
on échange à propos de rien de tout
l’amour les femmes à quoi on sert
il dit moi regarde je ne sers à rien
et toi ? avant de s’interrompre
il dit ta vie est comme la mienne
juste lui l’honnêteté qu’il a de rester ici
à quoi bon courir à quoi bon partir
j’en sais plus que toi pense-t-il
mais ça ne le dit
les dernières fleurs du marronnier fanent
il s’assombrit
manteau unique pour l’été qui arrive



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 25 mai 2015.