toujours quelqu’un qui connaît celui-là celui-ci qui t’intéresse ou te plaît quelqu’un qui de loin ou de près a croisé le faire et les mots le regard ou la route d’untel comme ici
w.
cinq heures dix partir la clé au démarreur laisser chauffer le moteur monter l’air chaud la buée sur les vitres s’estompe s’assèche auréoles éparses la nuit noire au travers des nuées blanches apparaît allumer les phares tout devant s’éclaire marche arrière tu disparais
la ville tu la traverses qui dort encore juste quelques points quelques êtres s’animant derrières des fenêtres mais dehors personne d’autres que ceux qui sur des matelas de fortune dorment tu fermes les yeux et accélères fonces droit où tu peux un flash t’éblouit tu redresses la trajectoire reprends les commandes et files vers le port
je me souviens de cette route longtemps empruntée son dessin ses virages ses tronçons où on peut les yeux fermés accélérer je me souviens du café à la terrasse de l’autre côté et comment le garçon plateau à la main chargé courait pour traverser entre le flot continu de voitures je me souviens du bac qui menait sur l’autre rive du fleuve et du bruit métal contre grève quand les voitures en descendaient je me souviens des marchands de fruits aux étals de pommes des demeures de pierre posées en haut des falaises et des pins centenaires aux branches fatiguées
le port y arriver par le nord et la mer la prendre de plein fouet le soleil presque levé lumière rasante tout s’éclaire quand la voiture tu la jettes au bassin ligne droite parfaite et qu’elle sombre dans l’eau et le sel qu’elle contient

1ère mise en ligne et dernière modification le 18 janvier 2015.