j’assiste depuis quelques jours de la fenêtre où j’écris à une confusion banale en soi une confusion sans importance juste une sorte de bug dans la machine-ville simple dérangement comme un ralentissement du temps ou plutôt un temps de retard dans l’adaptation des êtres à ce qui ici les réunit les unit devrais-je dire la ville non qu’elle les unisse sous la forme d’une idée commune portée à bout de bras hommes debout manifestants et convaincus mais par obligation ou défaut hommes liés bien malgré eux dépendants la ville bras ouvert les embrassant

l’affaire est simple et bien que ne présentant que peu d’intérêt elle me captive me faisant relever la tête incessamment me divertissant des mots enchainés que je tente sur l’écran de libérer de ma main mots fuyants et là regard posé sur l’ordinateur une ombre au loin passe qui me tire du texte se construisant je veux parler de ces voitures qui descendent la rue longeant le parking de surface place dédiée aux stationnement ballet continuel balayage récurrent ces voitures donc qui comme on dit descendent la rue alors que depuis deux semaines sens inversé signalétique ajoutée on doit et seulement la remonter et je les vois les unes après les autres sortant du parking barrière de péage passée toutes tourner comme il était possible de le faire avant sur la gauche s’engageant immanquablement dans la rue la descendant pourtant à renfort de panneaux de lignes au sol et de flèches l’autorité a précisé ses volontés modifiant la perception même que l’on aurait désormais du quartier

on est à deux pas de la cathédrale le parking en question une place carrée grise aux marquages au sol effacés simples T blancs que le goudron semble lentement digérer et tout autour des immeubles de six ou sept niveaux beiges et gris prêts eux aussi dans le ciel nuageux à se fondre vaudrait mieux qui retiennent la place l’encadrant la refermant espace tenu contraint restreint aux qualités urbaines perdues faute d’espace

je pourrais compter le nombre de voitures qui ainsi se trompent enfin celles dont les chauffeurs pris dans une habitude abrutissante ne faisant plus attention s’engagent malgré les interdictions à contre-sens dans la rue trop petite trop étroite trop indifférenciée pour en avoir un vraiment de sens et que même signalétique et panneaux ne parviennent à instaurer comme une évidence