je connais des chemins qui ne finissent jamais


un semestre d’enseignement confiné
quelques mots échangés avec une dizaine d’étudiants inscrits en troisième année à l’école nationale supérieure d’architecture de normandie
le rapport d’études
extraits

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je vous propose de travailler à partir du film le camion de marguerite duras
je vous propose de chercher sur le net ce qui s’y réfère et d’en regarder des extraits ou bien la totalité et d’écouter françois bon par exemple en parler sur le tiers livre mais aussi gérard depardieu qui "joue" dans le film etc.
je vous propose de comprendre la structure la nouveauté l’enjeu l’écriture de ce film contre le cinéma et pour la langue 
je vous propose de vous en servir pour préparer cet oral qui clôturera cette année étrange et étrangère aux autres aux êtres-îles archipels épars étudiants essémés aux quatre coins des routes sur les quatre routes des giratoires 
le camion film incontournable que nous aurions dû regarder ensemble 
le camion 
duras lit qui a écrit / depardieu lui lit qui découvre en lisant / une prise une fois / l’un sait l’autre pas / l’un joue presque / l’autre essaie / et l’histoire l’histoire / les feuilles les feuillets l’effeuillée-histoire / et le jeu et les mots la lecture les voix la présence dans cette maison du bord de mer où elle se retirait souvent / et l’histoire l’histoire 
on construit un film on construit une phrase on construit un mur comme une relation 
on construit l’histoire autour de mots plus que de faits 
l’autre essaie 
un essai l’essai de construire un oral comme duras a construit le camion 
un oral un grand oral 
un archipel des êtres-îles elles & ils ailes & îles prendre son envol seul
un essai 
le camion pour les semaines à venir et si vous voulez à vos heures perdues l’année prochaine on verra peter handke les histoire(s) du cinéma werner herzog et duel 
le camion ...& duel 
des ils-îles des elles-ailes

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continuons notre effeuillage de l’abécédaire de deleuze
prenez le temps de découvrir chaque phrase et de la comprendre avant de passer à la suivante 
allez doucement
invitez votre famille vos proches si vous avez la chance de ne pas être seul(e) à lire avec vous ces citations
parlez-en ensemble
discourez 
discutez 
confrontez les points de vue les idées
vous savez ce que vous devez faire après ! une micro-édition comme chaque fois en croisant avec le tiers livre de françois bon
J comme JOIE on en est loin loin de là
en parallèle vous devez préparer un oral sur la base ou le fondement de l’œuvre de marguerite duras le camion
vous avez deux heures aujourd’hui devant vous pour chercher visionner lire écouter et écrire, le temps de notre séance et aussi de celles qui suivront
sans passer par un serveur global une plateforme impersonnelle nous restons sur la base du mail de la lettre envoyée de la correspondance comme on écrit à un être cher lointain momentanément ou définitivement
durant les deux heures qui viennent vous pouvez m’écrire en continu ou par saccades à propos de ci ou de ça 
libres enfants de l’école d’architecture faites comme bon vous semble et sachez que de l’autre côté de la lumière de votre écran dans l’ombre je lis

*
il est quatorze heures 
notre séance dématérialisée et non virtuelle prend fin
certains on écrit d’autres pas 
je viens d’achever de répondre à ceux qui l’ont fait 
ne perdez pas le fil ne perdez pas la main ne perdez pas courage 
écrivez !

*
je me demande comment vous vivez le projet d’architecture à distance 
si quelques uns d’entre-vous veulent me raconter comment ça se passe merci et pas besoin nécessairement d’entrer dans le détail
vos impressions et sentiments doutes et interrogations 
c’est pour ma culture personnelle car en première année second semestre c’est à mon avis et tout simplement... n’importe quoi !
et d’une manière générale si vous le souhaitez écrivez-moi ! tout est bon ! rien à jeter !

*
je prends un peu d’avance car nous avons pris un peu de retard 
même courts les diaporamas sont chargés de sens et demandent un travail appuyé
les notions d’importance de nécessité sont mille fois plus déterminantes que la notion de vérité #deleuze
voici également en fichier joint les propos de #godard mis à jour ce matin-même suivant mes dernières lectures
à parcourir, s’en nourrir, s’y baigner

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j’ai diffusé la semaine passée (de vacances...) deux abécédaires de #deleuze pour cette séance et la suivante 
si quelqu’un ne les a pas reçus, merci de m’en avertir

le temps infiniment allongé étiré de ces jours enfermé me fait ressortir des livres de mes bibliothèques des magazines des films des manuscrits qui me fait également faire un peu de pâtisserie des choses simples et toujours les mêmes pour mieux les faire progresser et seul mon avis compte puisque je suis seul enfermé
le temps infiniment allongé étiré de ces jours enfermé (enfermés si je parle de tous) me fait découvrir des croisements peut-être déjà lus vus mais oubliés comme cette longue interview de godard par claire parnet (abécédaire avec deleuze) ou que claire parnet était la première rédactrice en chef d’un journal qui s’appelait "l’autre journal" fondé dans les années 80 par michel butel, que deuleuze était également proche de ce journal, souvent y écrivait-il, que duras en était proche aussi qui y écrivait pareillement
dans mes deux pièces au sixième étage avec vue vers l’est de la ville sur la cathédrale et les hauts de rouen se nouent et renouent des liens sous-estimés ou inconnus entre mes "personnages clés" mes intercesseurs ceux qui me permettent de penser de réfléchir d’imaginer d’écrire de photographier 
et l’architecture dans tout cela 
et l’architecture 
je ne parviens pas à enseigner le projet à distance qui pour moi passe par la présence et non le fait d’être présent la présence l’existence en un lieu qui fait que lieu il y a qui fait que enseignement il y a que dialogue que langage il y a 
et l’architecture 
dans le film "la vie est un roman" d’alain resnais il y’a un architecte, pas celui qui construit le château-tarte à la crème non, un architecte qui ne construit pas et qui est invité à un colloque dont le thème est "l’enseignement de l’imagination" et que pierre arditi qui joue le rôle d’un enseignant énonce en inversant les mots "l’imagination de l’enseignement"
la vie est un roman et l’enseignement doit être celui de l’imagination, enseignement ouvert, enseignement offert pour une imagination à tout propos 
et l’architecture 
dans le film de resnais l’architecte ne construit pas des bâtiments mais une pensée un propos et cette pensée fait enseignement, il ne s’agit pas d’un savoir mais d’une connaissance, il ne sait pas, il connaît, il a découvert réfléchi pensé par lui-même à partir d’une structure préexistante et antérieure à toute pensée : l’enfance 
il ne s’agit pas de psychanalyse il s’agit de savoir qui on est d’où on vient de voir ce qui nous a fabriqué en tant qu’individu en tant qu’être, nos premières années sont non la clé de notre vie mais ses fondations et mieux on connaît ses fondations mieux on construit dessus 
peut-être est-ce le moment d’écrire sur son enfance 
"ce n’est pas le passé qui nous fait bouger mais l’avenir" dit resnais et c’est bien ce dont il était question juste avant 

*
à débattre en couple en famille entre amis à la fenêtre entre voisins avec soi-même 

nous sommes dans une crise généralisée de tous les milieux d’enfermement (prison hôpital usine école famille) #deleuze
 
il n’y a pas lieu de craindre ou d’espérer mais de chercher de nouvelles armes #deleuze
 
les notions d’importance et de nécessité sont mille fois plus déterminantes que la notion de vérité #deleuze
 
le problème n’est plus de faire que les gens s’expriment mais de leur ménager des vacuoles de solitude et de silence à partir desquelles ils auraient quelque choses à dire #deleuze
 
nous sommes transpercés de paroles inutiles, de quantités démentes de paroles et d’images #deleuze
 
ce qu’on imite c’est toujours une copie #deleuze
 
la question n’est pas tellement de convaincre mais d’être clair #deleuze

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deleuze 
deleuze citations 
citer 
hors du contexte situé
hors des mots les mots pour eux-mêmes 
une interview de deleuze par parnet dans l’autre journal une boucle 
des mots sans philosophies 
non des mots justes / juste des mots #godard citant son caméraman
des mots
il y a des gens sur twitter qui postent des photographies présentant des livres les tranches portant les titres et ces titres alignés et ordonnés fabriquent des phrases des poèmes des citations 
la vie est un roman / la vien n’est pas un roman (ça veut dire la même chose)
à force d’aller dans le détail on en oublie l’ensemble 
deleuze parlant c’est deleuze qui parle
la philosophie est autre chose 
et l’architecture 
et l’architecture 

*
à tous
à tous j’ai répondu sauf à c. avec qui j’ai eu la chance de converser attablé ici
à tous j’ai répondu à ma manière extrayant des mots un or rare et souvent plus personnel que l’oral habituel 
à tous un grand sourire 
 
à lundi ou quand vous voulez

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je ne veux pas abuser comme on dit mais il semble que la situation me pousse à vous écrire encore 
si j’ai dans un premier temps pour le rapport d’études hésité à reprendre le fil des cours le court du fil les abécédaires et les micro-éditions c’est que je pensais que tout cela ne durerait ou bien que ça durerait mais que l’école ses responsables administratifs et enseignants aviseraient apportant réponses et soutiens recommandations et lignes à suivre rien 
rien
ça échange des mails ça écrit plus ou moins bien parfois carrément de travers on s’y perd 
il semble que tous les ateliers projets fonctionnent à part la première année...
il semble que des commissions en visioconférence sortent non des hypothèses mais des certitudes non discutées non fondées des riens dits haut et fort comme des vérités à imposer à tous qui parfois n’indique qu’un occupez-les !
mais certains enseignants écrivent la fatigue des étudiants et leur propre fatigue la démotivation aussi l’abîme béante géante qui pointe se creuse s’ouvre sous les pieds dans les têtes 
mais certains enseignants proposent de remettre à plus tard au lieu de feindre de parvenir ailleurs qu’à un échec 
rien rien pour l’instant vraiment de positif dans ce qui remonte des commissions des décisions et ce silence incroyable de la direction face aux étudiants face aux enseignants car il faut comprendre que ce sont de maigres commissions élues pour gérer le courant qui traitent aujourd’hui de l’exceptionnel sans compétence aucune
rien rien on sonde on sonde l’avis des uns l’avis des autres on divague se perd et coule mais
mais je vous le répète l’école c’est vous ! et vos délégués sont élus tout comme les commissions pour gérer le courant et non l’exceptionnel 
quelques soient vos angoissent vos doutes vos interrogations quelques soient vos difficultés écrivez écrivez à la direction un directeur ça a un rôle une mission écrivez haut et fort et ne laissez jamais personne décider pour vous à moins que vous ne soyez d’accord à moins que ce soit l’accord préalable à tout 
nous ne sommes pas en guerre non il s’agit d’un virus et du virus réellement on se fiche 
nous ne sommes pas en guerre non mais en lutte pour exister et survivre en ces temps de crise où ce qui se passe annihile quasiment tout ce qui fonde notre quotidien notre société 
ni la liberté de se déplacer ni la liberté de se réunir ni la liberté de se cultiver ni d’apprendre et l’état qui paie les salariés renfloue les comptes supprime ou diffère les charges plus de chantiers plus de commerces plus de cafés et on voudrait nous faire croire et nous mettre sur le dos que l’enseignement perdure contre tout seuls isolés esseulés insulaires sur nos bouts de terre-internet 
il vous faut inventer de nouvelles armes le monde a besoin de vous 
ne flanchez pas 
ne faiblissez pas 
et le rapport d’études n’a jamais été aussi riche que maintenant tout autant qu’il est difficile on s’écrit même si ça fait mal au ventre mal à la tête on produit on découvre on lit on écoute on regarde même si ce n’est que sa propre famille celle qu’on avait quittée on se replie un temps sur soi pour mieux se déployer après 
un enseignant a écrit un mail sur la fatigue le découragement le temps d’écran l’isolement 
d’autres également qui ne veulent pas de jury croisé je parle du rapport d’études (certains sont décidément incapables de se réinventer qui ne veulent que noter et remplir correctement des cases par d’autres dessinées)
de mon côté et tant que vous le pourrez nous prolongerons le travail débuté l’écriture la microédition la correspondance l’abécédaire les citations les confidences les fatigues nous continuerons car il ne faut pas lâcher prise ne pas baisser la tête c’est notre vie ces jours ne sont pas une parenthèse ils sont notre vie 
quand vous m’écrivez que vous lisez cherchez découvrez je revis et ce n’est pas mon orgueil qui s’en nourrit mais mon humilité celle d’être utile quelque soit le contexte quelque soit le lieu quelque soit la difficulté là à vous enseigner
tenez bon 
forza ! comme disait ciraini mon prof d’archi quand on se quittait après deux journées d’atelier projet
forza ! 

*
écrire écrire 
que dis-tu dis-tu tu dis
qu’écris-tu écris-tu tu écris que cries-tu 
tu entends qu’entends-tu 
entendre entendre 
lis-tu que lis-tu tu l’as as-tu es-tu es-tu là 
on est tous las d’être là parfois 
on perçoit perçois-tu que perçois-tu dans ce que tu aperçois dans ce que tu as perdu perdu de toi
écrire dire entendre lire 
littérature littéralement rature(s) qui ment songe qui pense 
cette note prise hier en lisant emmanuel carrère à propos de werner herzog : décourager pour ne garder que les vrais destinataires pour qui un début déconcertant et magique a valeur de signal 
valeur de signal
et destinataire ce mot de derrida qu’il appliquait à celui pour qui l’espace était fait existait
emmanuel carrère je l’ai lu alors que j’étais alité isolé confiné chez moi deux mois durant après un violent accident de voiture je l’ai lu entièrement mais n’avais pas trouvé à l’époque ce livre qu’il a écrit sur werner herzog longtemps avant pourtant et que je viens durant ce confinement de trouver
c’est ça 
dès le commencement décourager pour ne garder que les vrais destinataires pour qui un début déconcertant et magique a valeur de signal 
non d’œuvre 
de signal 
répétér par exemple 
répéter infiniment 
répéter mille fois mais ne répéter jamais vraiment
dire et redire 
une forme sans fond qui ne naîtra qu’après gestation accroissement nourrissement accouchement
une forme simplement 
une forme à ne pas confondre avec un fond une forme fondement une fondation un pré-texte un pré-dit 
et le pire vient en chacun quand la forme est prise pour le fond
forme prise pour fond
on s’enferme s’isole camisole tombe profond 
à l’enfance ah l’enfance 
on avance lettre L on avance allez encore un effort 
on n’est pas seul(s) on n’est passeur(s) et par nous et nous seul chemin se fera
lettre L déjà

*
je voudrais revenir j’ai peur d’être loin déjà je voudrais revenir sur le rapport d’études le confinement l’école et vous dans tout ça 
je voudrais reprendre la main ayant peur de l’avoir perdue reprendre la main non sur vous non sur les séances mais sur moi
je voudrais tirer au clair tirer au cordeau tirer le corps de l’eau l’extraire extraire le mot que tout soit clair clair
je voudrais vous dire la joie de ce travail partagé de ce travail fait de ce travail à faire de ce travail jamais fini que chaque année chaque semaine chaque lundi on prolonge on augmente on déplie et déploie
je voudrais reprendre pied maintenant que dans le vague c’est la vase qui nous reçoit arrêtons de bouger pour ne pas sombrer ralentir ralentir réfléchir sans se figer sans fixer 
je me demande pourquoi la question a été comment "continuer" d’enseigner et non "comment" enseigner car voilà le mot important dans cette langue du confinement n’est pas crise mort hôpital enseignement continuité chômage frontière président information vaccin virus le mot est comment
comment dire comment faire comment écrire comment taire 
comment 
dans comment en un plomb vil l’or pur s’est-il changé #racine
la seule question qui est posée est comment et le reste n’est que complément(s)
comment écrire sa douleur sa peine ses craintes ses angoisses son enfance ses joies 
comment écrire s’écrire soi
on aurait dû peut-être tout fermer fermer les écoles comme on a fermé les magasins de fringues et dire on verra plus tard on n’a besoin de rien en ce moment car peut-être peut-être bien que l’enseignement à tirer là maintenant il est en ce qui se passe justement et quel apprentissage sur nous-mêmes quel apprentissage sur ce monde-là où toutes les lois économiques peuvent faire tout le mal qu’on sait impunément alors que pour un virus on met à terre ce système justement on ferme les frontières enferme les gens les obligeant à porter sur soi une attestation écrite de bonne foi et on les contrôle et on les verbalise en disant soyez responsables mince soyez citoyens et tant pis si tu d’habitude tu te tues au travail comme un chien pour ce qui s’écroule pour celui qui te tient dans sa main
le soleil se lève enfin qui pointe vers moi ses rayons entre le clocheton du gros-horloge et le clocher en réparation de l’ancienne église saint andré rue jeanne d’arc la brûlée la pièce s’éclaire de jaune et ça me chauffe le visage assis à ma table adossé au mur vous écrivant 
je souhaite qu’on maintienne notre / votre travail malgré tout ça
je veux dire qu’on aille jusqu’au bout ce sera toujours ça de pris d’appris et de fait en cette époque défaite 
je souhaite qu’on maintienne l’oral et on verra bien le moment venu comment il se fera à distance en visioconférence filmé transmis à huis clos seul sans trace et qu’importe ce ne sera qu’une forme de plus qui s’ajoutera à celle déjà travaillée et au fond tant espéré(e) au fond qu’on finira bien par atteindre et toucher même si ce n’est que du bout du doigt 
bien-sûr certains partirons à la rentrée après l’été qui n’est qu’une saison pour une année à l’étranger mais on prendra tout de même le temps une fois de se revoir autour d’un café d’un diaporama ou de quelques mots pour clore ce qu’on a commencé clore les paupières juste pour un temps les reposer tant la lumière est forte puissante et ce monde fatiguant 
c’est lundi lettre L 

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lettre M lettre N 
pour les jours qui viennent les deux semaines devant nous
prendre le temps de lire seul ou à plusieurs
prendre le temps lire à haute voix réfléchir 
prendre le temps et laisser monter en soi l’énergie d’écrire
sans oublier de croiser avec le tiers livre 
M & N sont médicales presque à propos aujourd’hui 
lettre M lettre N deleuze abécédaire 

*
jean-christophe bailly n’est pas qu’écrivain directeur de revues ou de collections chez des éditeurs il est docteur en philosophie et enseigne à l’école du paysage de blois
jean-christophe bailly et tout est bon à lire du plus petit texte ou article au plus épais livre
la forme

*
à partir d’un mail reçu de l’école d’architecture

il y a les enseignants et le personnel puis il y a les étudiants les étudiants en dernier
il y a la pandémie les bouleversements de nos vies le bilan plutôt les bilans
il y a le grand four-tout du bilan du bilan sanitaire du bilan social ou (ou) environnemental 
il y a les points-virgules mal employés (plusieurs fois)
il y a le bilan sur (sur) les métiers et (et) l’enseignement nous y voilà (on se croit arrivé)
il y a pour beaucoup
il y a crise 
il y a révélation 
il y a (pour beaucoup) renoncements 
il y a les mots notre société autonomie production médicaments matériel de santé premier plan carences failles et injustices et parce que ça ne suffit pas il y a notre société encore une fois 
il y a les optimistes 
il y a notre monde celui d’après la crise 
il y a monde 
il y a crise 
il y a monde qui sera meilleur selon les optimistes 
il y a jean nouvel jean nouvel jean nouvel jean nouvel 
il y a jean nouvel et les petits logements le confinement france info et les nouveaux logements le plaisir de vivre dans les nouveaux logements de jean nouvel sur france info 
il y a que penser
il y a enseignement (on se croit arrivé)
il y a crise épreuve 
il y a crise qui éprouve l’enseignement 
il y a mise à distance 
il y a continuité pédagogique 
il y a quelques enseignants (et les autres hein les autres ?) pour qui il y a expérience 
il y a expérience formatrice et innovation astuces astuces astuces
il y a les périodes normales normalité les normaux et le reste 
il y a les étudiants de première année 
il y a qu’on se répète comme pour mieux se faire comprendre 
il y a enseignement à distance confinement situation étudiante (au singulier) et les grandes grandes inégalités avec 
il y a les grandes inégalités avec un point-virgule mal employé
il y a le personnel qui s’oppose à l’économique le matériel de dessin les outils numériques un four-tout un pêle-mêle un pot-pourri
il y a tout tout ce qu’on veut au bon marché des bons vœux
il y a les acquis (on se croit encore à tort arrivé)
il y a la fin de semestre 
il y a évaluation et conditions actuelles contenus adaptés et réduits 
il y a une compréhension difficile à mesurer 
il y a beaucoup d’énergie et des liens maintenus (on se dit merci) entre nous tous la grande famille
il y a tenter a posteriori de mesurer (encore et encore mesurer comme si)
il y a réussite 
il y a réussite 
il y a réussite niveau des acquis (on se croit (non on n’y croit plus) arrivé)
il y a capacité et réaction pour garder ce lien qu’on a créé entre nous nous tous vous nous nous tous 
il y a vous qui êtes nombreux mais pas tous là certains oui nombreux quoi
il y a vous en demande et il y a les concequences les consignes nationales de confinement (on croyait d’enseignement, non, retour à la case départ confinement)
il y a les rythmes les modalités les évaluations et
il y a l’accompagnement des échecs 
il y a des échecs il y a que dis-je il y aura des échecs il y a toujours des échecs 
il y a jean nouvel et france info et il y a les échecs (mais qui écoute france info vraiment)
il y a ils les cfve les cps 
il y a réflection euh non réflexion 
il y a la communauté si soudée si communautaire si égalitaire si unie enseignante 
il y a communication orientation(s)
il y a la clarté 
il y a la communication claire des orientations et modalités adaptées à la nouvelle situation
il y a une nouvelle situation 
il y a situation et situation (manière dont un objet est placé dit émile)
il y a un questionnaire lancé des fiches pour la distance à garder et un bilan synthétique 
il y a des perspectives pour la suite 
il y a tous tous vraiment mais plus le personnel technique 
il y a que ce sera communiqué sans délai
il y a les remerciements merci merci merci aux étudiants aux administratifs qui ne sont plus personnel 
il y a les enseignants merci merci merci 
il y a tous vous nous eux elles lui aussi elle tous 
il y a la période 
il y a à assurer
il y a la continuité tant tout avant était parfait
il y a les conditions inédites la rupture qui pousse au recul critique 
il y a recul critique 
il y a pratiques en général mon général et c’est applicable à tous en particulier 
il y a nous nous tous vous elles et eux mais surtout nous à qui incombe
il y a qu’il nous incombe la responsabilité 
il y a qu’il nous incombe la responsabilité 
il y a devoir il nous incombe d’analyser le présent la situation la période peut-être et de comprendre
il y a de comprendre 
il y a qu’il nous incombe d’imaginer et construire l’avenir
il y a qu’il nous incombe à nous architectes enseignants futurs architectes d’imaginer et construire l’avenir
il y a l’avenir

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on vient de nous écrire, la date de remise des écrits du rapport d’études est celle du vendredi 5 juin 
on nous indique également qu’il n’y aura pas de jury croisé ni d’oral
bien, c’est noté 
pour ma part et avec votre accord qui doit être unanime je reste sur l’idée et dans l’intérêt de tous de tenter l’oral, jour à votre convenance, via une visio conférence teams par exemple ou zoom puisque nous ne serons pas tous à rouen
au regard des directives rapportées, si l’un d’entre vous s’y oppose cela n’aura pas lieu pour des questions d’équité et c’est bien normal
merci de vous concerter et de me faire un retour unique, oui ou non un oral
par ailleurs et en respect des directives, vous me remettrez le vendredi 5 juin au plus tard la totalité des micro-éditions
ce final n’est que la collecte des éléments déjà réalisés et non modifiés qu’une reliure (un assemblage) vient envelopper et dont l’ordre est librement agencé par vous (en effet cet ordre peut être autre qu’alphabétique et la reliure (boîte ou autre) peut en modifier le sens ou la portée)
la reliure ne relie pas de manière figée les micro-éditions, elle les assemble les ordonne les présente regroupées comme des feuillets classés à l’ordre modifiable (plusieurs classements peuvent également être envisagés : notice)
à ce sujet pensez cinéma montage thème chronologie alphabet ressenti émotion pensez un ordre qui vous soit propre (ou non)
d’ici le 5 juin nous continuerons d’effeuiller l’abécédaire de deleuze et autres sources citations situations correspondances et échanges libres 

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lundi entre un presque week-end et une presque semaine et qu’importe les jours fériés là-dedans lundi jour d’écriture de lecture et d’échanges jour de transmission(s) et de l’abécédaire et d’autres mots piochés dans la montagne magique des livres lundi comme le seul jour de la semaine que j’attends
j’attends le lundi car le lundi ensemble on parle du moins on se parle on parle à l’autre comme à soi on se parle à soi comme à l’autre tentant de trouver non vraiment du réconfort mais l’écoute que seul un ami nous donne sans rien vouloir en retour recevoir jamais lundi les mots à la bouche comme à l’oreille
la question que j’ai posée au sujet de l’oral ne doit pas générer de conflits entre vous mais seulement des questions 
la question que j’ai posée ne peut avoir pour conséquence que certains parviennent à convaincre d’autres du contraire de ce qu’ils pensent 
la question que j’ai posée est individuelle et collective à la fois qui demande à chacun de se prononcer et à tous raisonnablement de formuler une seule voix en respect de chacun
il n’y a rien à perdre rien à gagner rien ne se joue là
la question que j’ai posée ne demande pas d’entente pas d’unanimité pas de majorité personne n’est à convaincre
la question que j’ai posée je la repose sans qu’on en débatte
l’autre question que je pose sans la porter est quel enseignement cette année quel enseignement chaque année 

*
je vous propose d’enregistrer une performance orale via votre téléphone 
une courte ou plus longue vidéo à me transmettre pour le 5 juin 
pas d’oral de visu 
pas de confrontation 
pas de lutte ouverte 
juste soi 
vidéo à partager ou non avec les autres 
à vous de voir
à vous de voir
pas de montage juste une prise comme à l’oral 
on peut se reprendre tout reprendre refaire on peut tout dire comme à l’oral
mais manqueront les regards les écoutes les souffles les yeux fermés 
manquera l’espace manquera le temps 
allez on fait ça 
une vidéo avant le 5 juin au soir 

*
un fichier joint
robert bresson, notes sur le cinématographe 
des mots sur le cinéma qui portent bien plus loin
des mots sur le cinéma qui nous parlent 
bresson efface le concept d’acteur au profit de celui de modèle 
l’acteur joue le modèle est joué 
werner herzog parle de quelque chose de proche
la personne qui interprète le rôle est le personnage que le rôle définit
être et non paraître 
le fond comme l’être
(la forme comme le paraître)
herzog bâcle ses scénarios mais fait des repérages pendant des mois et filme parfois pendant des années 
herzog affronte les éléments que ses personnages affrontent dans ses scénarios 
herzog est une partie du récit une partie de l’histoire et tout y est vrai 
ce qui ne l’est pas -vrai- est augmenté et le devient -réalité augmenté-
herzog ajoute des pièces comme un bateau sur un arbre et le bateau y est encore qu’on a monté là-haut à l’aide d’un échafaudage de trente mètres bateau en trois morceaux qu’on a soudés à la cime de l’arbre et qu’on a laissé là
herzog plus tard dans un autre film veut qu’un bateau passe une montagne la franchisse et il s’y emploiera durant des semaines dans une épopée folle on coupe des arbres fabrique trois bateaux un pour remonter le fleuve d’un côté de la montagne un autre allégé pour la franchir et un dernier pour redescendre le second fleuve de l’autre côté et on coupe des arbres invente des machines pour hisser le second bateau et y parvient et on filme avec des centaines d’hommes
herzog est ce fou qui dirige et commande cette expédition dans le film qu’un autre joue tout aussi fou que lui plus fou même qui accepte le rôle qui s’y retrouve s’y lit

l’acteur est au théâtre dans un décor public assis face à lui 
le modèle (bresson) est ailleurs face aux éléments aux agencements aux choses et n’est plus que face à lui-même 

nous ne ferons pas d’oral donc mais vous ferez une vidéo en une prise et sans montage à contre-jour ou en pleine lumière debout assis allongé allongée une vidéo sans acteur on ne joue pas on ne joue jamais une vidéo avec vous tout entier toute entière comme modèle de vous-même

*
je lis vos messages individuels qui m’arrivent alors-même que je vous écris ici et préfère à tous répondre en même temps
comme vous l’avez-vu je propose que l’oral devienne (c’est de circonstance et bientôt ce sera impératif puisque réglementaire) une performance au-travers d’une vidéo 
par contre je m’oppose au montage car souhaite conserver une unité de temps, un parler unique et contenu, un agencement présent
merci de vous conformer à cette demande 
vous pouvez pré-enregistrer ce que vous voulez avant la performance et l’intégrer à celle-ci
mettez là-dedans tout ce que nous avons vu entendu lu ensemble et tout ce qui encore viendra
 
par ailleurs je viens de regarder et écouter le directeur de l’école qui nous donne à sa manière matière à réflexion (réflection)
l’image qu’il nous renvoie
la voix 
la tenue vestimentaire 
le cadrage
le reflet dans les yeux
le fond
la construction du propos
l’introduction et la conclusion
le développement
ou non 
les temps du propos
mais y-a-t-il introduction développement conclusion
certes il y a début milieu et fin
mais les 3 temps
les 3 temps
les mots employés
les erreurs 
les contresens 
les personnifications 
les affirmations
les suggestions
les extrapolations
les assertions 
et encore et encore
 
au second semestre "d’habitude" j’invite un ou plusieurs "extérieurs" au rapport d’études à parler durant une heure trente
le directeur via son sa vidéo est notre personnalité extérieure de ce semestre confiné même si son propos ne dure que neuf minutes et onze secondes (9:11)
la forme de son intervention n’est pas que vidéo
elle est plus
la posture et le propos 
la forme et le fond
acteur ou modèle 
théâtre ou cinéma(tographe)
pas de montage
unité de temps 
un message à passer en même temps que l’information sur une situation
magnifique hasard que ce message ce matin à tous envoyé alors même que nous sommes en séance numérique du rapport d’études 
c’est un grand bonheur #deleuze
qu’est-ce que c’est le rythme ? la rythmicité ? qu’est-ce que ça veut dire tout ça ? le rythme ? #deleuze

*
j’ai pris du retard le temps de vous lire et pas tout encore 
une performance, c’est juste s’imposer un temps pour exprimer une idée un concept un sentiment un point de vue
une performance, c’est s’imposer une règle dans un temps donné et s’y tenir
une performance, mais surtout traiter sur fond de points abordés et prédéfinis les thèmes escomptés 
le fond et la forme
le camion de duras en fait partie 
la politique l’expression orale françois bon gilles deleuze oiseaux-tempête godard aussi
et bresson quignard et bailly 
une performance 
se dépasser 
aller au-delà de soi 
au-delà du miroir qui n’en est que l’image retournée
d’ailleurs quelqu’un pourrait avoir l’idée de faire comme performance une visioperformance c’est-à-dire nous tous réunis et lui à faire ce qu’il doit qu’il a prévu qu’il voulait 
sans sujet
construit sans finalité mais avec un but
c’est un horizon 
 
j’aime vous lire
lire les efforts que vous avez faits pour désormais écrire sans sans efforts 
ça devient vous 
vous faites corps 
on y est presque 
on y est presque 

*
une dernière fois aujourd’hui un dernier mail une dernière lettre de derniers mots
ce sont vos messages vos lettres vos réclamations vos regrets vos reproches vos demandes qui m’y poussent et à tous
adaptation difficile à l’espace confiné nos gestes contraints ampleur réduite on tourne en rond même si on ne tourne pas on découvre un espace nouveau et insoupçonné un espace dans lequel nos gestes progressivement vont prendre corps et retrouver de l’ampleur certes pas celle d’avant mais tout de même une ampleur réelle une aisance et cela demande cela nous demande une énergie considérable et excessive selon nos normes nos habitudes nos repères 
intégration des gestes dans ce qu’engage le corps et la parole suit le cou les épaules avec et on prononce avec force ce qu’on prononce encore et la pensée accompagne on est entier intègre on se croit diminué mais c’est autre chose 
il y aurait intérêt à recommencer la chose reprendre revenir au début et avec le recul d’aujourd’hui jeter tout et immédiatement de ce qui est habitude car cet état est nouveau je veux dire nous dans l’espace confiné nous sans les autres nous dans une unité de lieu nous presque aussi dans une unité de temps où tous les jours sont les mêmes puisque ce qui en fait les différences est réduit à néant
il y aurait intérêt à re-commencer comme écrit quignard re-commencer car on se doit d’ignorer le danger et l’habitude pour se déployer se déplier et si avant tout était rapide déplacement faire parler communiquer acheter entendre voir produire et encore et encore il y aurait intérêt à se poser attendre réfléchir pour ne pas subir qui n’y sommes pas préparés et re-commencer c’est-à-dire non répéter mais commencer autrement sans la mémoire d’avant sans l’histoire amnésique totalement 
l’ignorance ajoute à la chose 
l’orange ne l’est pas qui est ronde juteuse un fruit 
l’orange si le critère couleur disparaît ne l’est plus 
l’ignorance ajoute à la chose 
être sans habitude 
comment raisonner hors des normes établies comment franchir la frontière qui sépare habitude et inconnu 
la nature n’a pas d’habitude
allez je vous laisse là de ces mots et tais la suite 

*
il m’est apparu ce matin à la lecture d’une conférence de wright de 1937 à londres qu’il y avait la forme et le vide contenu par la forme, vide habité d’une pensée ou d’un corps vivant ou non
vide / espace & vide / temps
il y a dans ce vide l’idée même de l’indicible que la forme tentera de révéler mais que certains peut-être jamais ne percevront 
le vide serait peut-être rien et donc tout

*
diaporama sur derrida en pièce jointe à discuter en famille si possible 
à réfléchir à questionner à mettre en résonance 
 
le camion de duras y penser
 
faire un film politique n’est pas faire un film sur la politique #coppola
 
si vous en avez la possibilité regarder (et dans cet ordre) 
- aguirre, la colère de dieu de herzog
- apocalypse now de coppola
- fitzcaraldo de herzog 
 
l’abécédaire encore et la micro-édition à m’envoyer
penser à rattraper le retard dans les micro-éditions pour ceux qui en ont 

*
jour de déconfinement 
où chacun reste confiné 
 
si j’osais _1
quatre citations pour débuter cette séance 
 
les mots ne désignent pas les choses
ils traduisent notre expérience au monde 
#giraudon
 
le peintre ne peint pas sur une toile vierge ni l’écrivain n’écrit sur une page blanche mais la page ou la toile sont déjà tellement couvertes de clichés préexistants préétablis qu’il faut d’abord effacer nettoyer laminer même déchiqueter pour faire passer un courant d’air issu du chaos qui nous apporte la vision 
#deleuze & #guattari
 
la récurrence permet de contrôler le temps à défaut de l’immobiliser 
#herzog
 
sur internet il y a plusieurs sites godard dont je ne suis pas responsable bien sûr
on y trouve sans doute des renseignements sur moi pour la plupart erronés
tout ça va dans le même sens 
on évite de parler du fond on parle seulement de la forme 
d’une forme d’ailleurs qui n’est plus la forme 
#jlg
 
si j’osais _2
architecture principe (1966) de claude parent & paul virilio 
(je n’ai retenu ici que des mots de claude parent - début)
 
le commencement est la moitié de tout
les limites de la mémoire 
la beauté n’est plus notre fin
la forme est refusée par un univers avec lequel on est en rupture 
le but à atteindre est l’évidence 
la force de la cohérence doit conduire à la certitude
l’abandon sans intention de retour est la seule action politique vraie
l’homme déraciné
une structure est une ossature-support matérialisée sur laquelle prend appui le mental
simulacre
fluidité
seuil de rétablissement
contraindre / contenir
#parent
 
si j’osais _3
si tout allait pour le mieux dans ce monde-ci de nos jours de nos vies j’oserais vous demander de faire un projet architectural à partir du travail fait durant ces deux semestres (abécédaire de deleuze) un projet un vrai projet une projection de l’esprit de votre esprit de votre mental appuyé sur l’ossature-support d’une structure propre et individuelle une action politique vraie dans la force de la cohérence dans l’évidence et au-delà des limites de la mémoire un commencement de projet qui serait déjà la moitié de tout
 
si j’osais _4
sans vraiment savoir où vous vous êtes arrêtés quant à la fin du semestre (ne parlons pas de son issue) (je me souviens avoir donné une date que chacun aura mémorisée pour transmettre le travail fait) je reviens sur ce point posant de nouveau la question sans attendre de réponse 
et vous vous faites quoi en plus des micro-éditions 
et vous vous parlez comment de politique du camion de vous 
et vous dans tout ça 
(vous avez tous les droits toutes les libertés les mains libres) 
 
si j’osais _5
je vous dirais que vous n’écrivez plus guère
 
si j’osais _6
un bon lundi je vous souhaiterais si j’osais
je me contenterai de bon courage 

*
reprise de mots écrits à l’instant à c. et s’adressant à elle comme à tous 
 
passer de la stabilité à l’instabilité 
s’attaquer à la forme à sa globalité et à son unicité 
porter en son sein même une contradiction
introduire l’inquiétude le doute sur son bien-fondé
troubler son inscription qui lui sert de légitimité 
#parent

*
la premiere étape consiste simplement à obtenir une prise de conscience 
le seul moyen est de déplaire à un point que chacun soit placé en état de refus
la répulsion 
 
la deuxième étape doit donner la possibilté de surmonter ce refus de ne pas en rester là
il faut pour cela inclure chacun dans une action inconsciente déclenchée par un potentiel libéré
le potentialisme 
 
ces deux actions (étapes) conjuguées déterminent une mise en état second où sans connaissance sans critère de jugement sans le carcan opaque d’une culture appliquée sans scepticisme chacun retrouve sa liberté et son autonomie
libéré on peut établir une communication non conformiste et accéder à une participation consciente 

*
les besoins ne peuvent en aucun cas guider une recherche qui doit au contraire par principe s’en abstraire 
#parent

*
mes mails essaient à leur manière (écrite) de prendre la place que l’oral occupe habituellement
prendre la place ne veut pas dire se substituer 
je cherche une manière de partager sans « finir » ce que peut être une pensée 
il n’y a rien à saisir d’autre que ce qui une fois la lecture passée reste 
c’est ce qui reste qui permet de débuter un travail et ce travail s’enrichit ou est enrichi de ce qui est passé mais qui n’est pas resté 
pas de retour en arrière on avance
 
deux choses 
écrire pour écrire 
écrire pour dire 
 
les micro-éditions sont "écrire pour écrire" 
l’oral (quelque soit la forme qu’il prenne cette année) doit être préparée et écrit c’est "écrire pour dire"
 
être perdu est le meilleur moyen de se trouver sans croire y être parvenu 
 
quant aux mots et à leur assemblage 
les mots sont des couleurs qu’on agence dispose composant un ensemble 
les mots se juxtaposent se complètent s’opposent se fondent se révèlent 
rien à comprendre d’autre 
à la ligne les mots se coupent des précédents s’isolent 
un temps une pause une respiration
et ça reprend 
 
ne vous méprenez pas
tout est sens 
et la forme et le fond
mais le seul but est la conscience
la prise de conscience
sans vérité sans dogme sans théorie 
 
la forme
le fond

*
quand il y avait dans vos mails des mots en plus des micro-éditions j’ai répondu
répondu enfin disons que j’ai écrit des mots en réponses
certains semblent perdus d’autres franchement non et ça se lit
n’hésitez pas (sûrement le faites-vous déjà) à échanger à parler 
échangez vos écrits et mes réponses enfin si vous le voulez 
 
le camion de duras est une œuvre modeste en temps moyens effets etc. qui détruit tout sur son passage 
c’est une œuvre forme-fond comme on écriarait pèle-mêle (et non forme/fond)
c’est une œuvre essentielle 
à certains j’ai parlé de quad de beckett une pièce télévisuelle que vous pouvez trouver et regarder sur youtube une pièce magnifique 
dans le texte d’emmanuel carrère à propos de werner herzog il est question de l’idiot l’idiot celui qui est dépourvu d’intelligence
l’idiot comme les personnages de beckett de en attendant godot ou fin de partie
forme-fond

*
petite image avant le week-end (form crossed, c 1986 - bernard tschumi)
tous devenus très silencieux et moi qui ai peur de géner 

*
selon les directives de l’école il ne nous reste que 2 séances avant d’arriver au 5 juin date de "rendu" un lundi férié se glissant entre 
peu de temps donc très peu de temps
voici 3 lettres 3 mots de l’abécédaire 
gardez votre rythme car tout cela n’est pas affaire de quantité mais de récurrence et de continuité 
opéra / professeur/ question 
3
entré en lecture de bernard tschumi architecte déconstructiviste ayant travaillé avec jacques derrida je vous partage ci-dessous quelques citations avant de les transformer en diaporama pour les années à venir
 
ce qui distingue le concept en architecture du concept en philosophie ou en mathématique c’est qu’il implique la matérialité 
 
l’architecture est l’art de construire des concepts via des espaces et des matériaux et la forme en est une ramification ou un accessoire 
 
une remise à vélos dotée d’un concept c’est de l’architecture, une cathédrale qui en est dépourvue ce n’est qu’un bâtiment 
 
un concept n’est pas une image ni une forme ni un parti architectural 
 
contraindre un programme dans la forme d’un cube ou dans celle d’une sphère est réducteur et ne représente rien de plus qu’un geste strictement formel
 
l’architecture est moins une connaissance de la forme qu’une forme de la connaissance 
l’architecture est moins une connaissance de la forme qu’une forme de la connaissance 
l’architecture est moins une connaissance de la forme qu’une forme de la connaissance 
l’architecture est moins une connaissance de la forme qu’une forme de la connaissance 
l’architecture est moins une connaissance de la forme qu’une forme de la connaissance 
l’architecture est moins une connaissance de la forme qu’une forme de la connaissance 
l’architecture est moins une connaissance de la forme qu’une forme de la connaissance 
l’architecture est moins une connaissance de la forme qu’une forme de la connaissance 
 
l’architecture est moins une connaissance de la forme qu’une forme de la connaissance 
l’architecture est moins une connaissance de la forme qu’une forme de la connaissance 
 
à lire 10 fois
 
l’architecture est autant espace que ce qui se passe dans cet espace
 
donc 3 mots issus de l’abécédaire, 3 micro-éditions à venir complétant nos collections 
3 mots choisis par claire parnet et posés sur la table de la compréhension de deleuze
3 mots proches de lui comme autant de portraits métonymiques 
ça reflète ça esquisse ça "empreinte" 
 
allez c’est bientôt fini bientôt vous ne m’entendrez plus on avance et quand je dis fini je veux dire que la forme cessera mais le fond non le fond ne cessera plus qui ne cèdera un arbre est planté peut-être deviendra-t-il grand ou restera-t-il petit mais c’est un arbre il y a des racines enfouies puisant énergie et un tronc érigé et des branches recueillant énergie la cime droite comme la tête juste un arbre que la tempête peut abattre que la foudre peut fendre que l’homme peut couper un arbre au présent puissant et inscrit dans la lenteur du temps du temps répété du temps égrainé qui à son tour donnera un arbre un bosquet un bois une forêt peut-être 

*
on y est presque presque mais où
l’abécédaire se déplie s’effeuille se remplie livre presque 
les séances s’égrainent sèment et quelque chose de nouveau pointe presque
l’après confinement est comme l’avant confinement rien ne change ou presque 
pourtant il y a eu ce temps intermédiaire cet interstice cet intermède 
pourtant il y a eu cet enfermement ordonné par l’état et sanctionné si non respécté 
pourtant il y a eu isolement éloignement changement
alors on prend un peu de temps on écrit on marche on lit on rêve 
je me souviens dans les premiers échanges du bout du jardin sorte d’au-delà 
je me souviens du petit-déjeuner tard dans la cuisine à saint-adresse 
je me souviens des luttes intérieures 
je me souviens des repas de famille
je me souviens des disparus 
je me souviens 
je me souviens du doute et du reste 
il y a le camion
il y a aguirre, la colère de dieu
il y a apocalypse now
il y a fitzcaraldo
il y a aussi sur le chemin des glaces #herzog
il y a parcours et remonter un fleuve suivre une route
il y a un cap et il y a le chemin
il y a les méandres les boucles et il y a le chemin
il y a la méthode et il y a le chemin
le chemin qu’on se donne celui qu’on s’impose ou qui s’impose à nous
hier lisant herzog "je n’ai pas de passe-temps, tout est projet"
résister au confinement à l’isolement est un projet quoi qu’on fasse durant ce temps pourvu que ça nous change que ça construise quelque chose en nous et non que ça nous divertisse 
la méthode n’est pas un projet, le chemin oui
le but n’est pas atteindre, il est une visée

*
piccoli villa malaparte à capri 
le mépris de #jlg 
le silence c’est ça 

*
quelle était la question
l’obsession de tous serait de meubler le temps
quelle était la question
ralentir les paroles 
quelle était la question
ralentir la pensée 
quelle était la question
ralentir les images
quelle était la question
un moment de plus grande vitesse 
quelle était la question
une vitesse insoupçonnée
quelle était la question
il est question ici de troisième sens 
quelle était la question
on n’a pas ce qu’on mérite on a ce qu’on prend 
quelle était la question
on quitte tous quelque chose 
quelle était la question
une partie de soi nous est inconnue et on ne cesse de s’y retrouver 
quelle était la question
on peut changer ce qu’on fait non ce qu’on veut 
quelle était la question
 
dernière séance dernier lundi dernières lettres de l’abécédaire jetées pour ne pas perdre de temps derniers retours de vous vers moi
 
quelle était la question
laisser reposer attendre laisser prendre pousser en soi 
évidence aveuglante qu’il ne s’agissait pas durant cette année de ralentir seulement les images les idées ou de chercher un effet d’étrangeté ou de séduction mais que ce besoin de ralentissement racine même de la pensée soutenue et esquissée constitue un projet de façon irréductible et incontournable 
besoin de ralentir la pensée le dialogue les paroles les images 
quelle était la question
il s’agit d’une dépression comme un trou d’air ayant le redoutable pouvoir de faire le vide ce vide qui est la chose dont visiblement chacun a le plus en horreur dont l’obsession semble être de meubler le temps d’occuper les esprits les images les dialogues les paroles mimant vitesse et variété 
ici la vitesse est tout autre et fulgurante 
ici le mouvement est tout autre et puissant 
ici loin de l’agitation la question était le doute le secret le soupçon le troisième sens

*
l’écriture par tous a été abordée prise à bras-le-corps empoignée 
la parole du même coup a trouvé voie 
un bon début 
 
nous avons survolé les fleuves de herzog les mots de deleuze les citations de godard mais barthes ne fut pas abordé c’est dommage 
lisez mythologie pour l’épuisement sémantique même si certains passages ont vieilli et fragments d’un discours amoureux pour les citations les mises à la marge la richesse du propos sa forme 
lisez walter benjamin passages que seuls des cirations composent 
lisez tout jean rolin et tout françois bon 
lisez tanguy viel et lisez yves ravey
lisez pascal quignard annie ernaux liliane giraudon
lisez lisez lisez
je voulais vous parler de l’abécédaire de gilles clément de passage du cinéma, 4992 de annick bouleau
je vouslais vous faire écouter encore mondkopf et pj harvey
je voulais inviter perrine belin et ari sebag pour une intervention libre de deux heures 
je voulais vous montrer duel de speilberg et revoir c’était un rendez-vous de lelouche
je voulais repasser une scène de inglorius basterds de tarantino (la scène dans la cave, un bar dans l’oise, une histoire qui finit mal) et mettre en parallèle deux chansons l’une de rammstein l’autre de bill callahan dénomées toutes deux amérika
je voulais vous faire décourir guy debord ses textes ses tracts ses films ses amis les situationnistes et leur rejet de le corbusier 
on n’a pas pu 
mais on a vu lu entendu dit écrit pensé
on a ouvert des portes et des chemins que vous emprunterez ou non qu’importe un air nouveau passe une lumière se fraie un passage vers demain 
on a parlé de tant de choses qui ne sont pas à retenir qu’il faut même oublier pour laisser surgir
quelques connaissances seulement et comme dit deleuze pas de savoir de réserve
le savoir on le fabrique quand on en a besoin à partir des connaissances 
le savoir c’est la pratique l’expérimentation le projet 
la connaissance c’est ce qu’on interroge ce qui donne la méthode et la méthode on le sait n’est pas le chemin
le savoir est le but jamais totalement atteint et quand on y parvient il recule alors on le poursuit encore 
chez dominique petitgand la connaissance c’est les enregistrements faits des voix de sa famille alors qu’il avait l’âge de vingt ans et son savoir c’est l’épuisement de cette matière réduite et finie devenant par son travail infinie travail jamais achevé une course en avant un fleuve à remonter 
garder en tête le fleuve, pas les berges ni la forêt qui le bordent, le fleuve qui descend vers la mer et vous qui le remontez
lisez les eaux étroites de julien gracq, lisez tout julien gracq
 
comme chaque année le début des séances est exaltant et vous perd et comme chaque année l’intérêt prend le dessus au fil du temps en lassant pourtant parfois certains les épuisant mais la lumière par la porte entre non qu’elle soit plus blanche plus éblouissantes juste qu’elle est nouvelle 
 
le confinement fût éprouvant pour tous et je m’y inclus 
perte de repères lieux et temps isolement solitude enfermement peur douleur questionnement 
alors en tirer une force 
transformer 
former autre chose de nouveau avec ce qui existe 
trans-former ce qui pré-existe 
pré-figurer 
mais dans quel but et à quelle fin
aller loin
 
la figure comme forme et fond mêlés 
 
il n’y a pas à proprement parlé d’acquis, il y a la porte qui s’est ouverte et un chemin que chacun devra suivre 

*
vœu
promesse faite au ciel par laquelle on s’engage à quelque œuvre non obligée
les trois premiers sens chez littré sont religieux
le quatrième est promesse qu’on s’est faite à soi-même
résolution ferme qu’on a prise
en cinq il y a le consentement
en six le souhait et en sept les désirs amoureux
je fais vœu de rupture
rupture 
rompre l’évidence la certitude le savoir
rupture
reprendre l’expérience l’expérimentation la découverte
jeter tout à terre ou sur la table
mettre à plat
reprendre refaire redire
re-commencer
rupture
rompre l’équilibre installé
rompre les chaines les liens les suites les parcours
rupture
rompre l’infinie certitude qui régit et dirige notre société nos actes et décisions
je fais vœu de rupture comme d’autres de chasteté
vœu de mise en danger
vœu de peur de veille
vœu de redevenir un être aux aguets
vœu de redevenir humain

*
il y a roland barthes avec fragments d’un discours amoureux et il y a rem koolhaas & bruce mau avec S,M,L,XL
il y a rem koolhaas & bruce mau avec S,M,L,XL et il y a peter zumthor avec corps sonore suisse
dans ce dernier ouvrage devenu hors de prix car ce n’est pas la demande qui fait le prix mais la rareté peter zumthor fabrique une sorte de dictionnaire dont tous les mots servant à définir les mots listés sont eux—mêmes listés et définis, comme un dictionnaire thématique, un dictionnaire réduit à un sujet à un objet à un projet (ce n’est donc pas un lexique) celui du corps sonore suisse, pavillon d’éxposition éphémère en bois pin et mélèze au bois réutilisable, au bois humide séchant durant le temps de l’exposition dont la déformation est pré-envisagée sans être pré-définie et où rien n’est exposé d’autre qu’un corps sonore, un corps tentaculaire, une nébuleuse œuvre, l’œuvre acoustique de daniel ott composée avec 18 notes pour 50 entrées et autant de sorties espace pérméable un sol mais aucun toit une boîte (ouverte) de résonance amplifiant les sons comme l’abécédaire emplifie les sens 
dictionnaire et non lexique
lexique et non abécédaire
abécédaire et non glossaire 

*
idée de l’essai
des images essayées / des phrases essayées etc. / qui s’effacent l’une l’autre / qui se chassent l’une l’autre / le reste servant à cela / effacer / idée du doute qui revient / tous les mots toutes les images sont des histoires vraies des histoires primaires qui chassent le mot total l’image totale / témoigner de l’évidence / témoigner de l’évidence comme de celle d’un paysage ou d’un hérisson / tout donner en gardant le mystère le secret celui de la création / atteindre la représentation réussie de son échec / atteindre la représentation réussie de son échec
les mots ci-dessus n’ont aucun sens caché, ils sont pris pour eux-mêmes dans leur occurence la plus simple la plus évidente et ne signifient qu’eux-mêmes tels le doute le secret effacer représentation ou échec
les mots ci-dessus témoignent de l’évidence, un paysage est un paysage et personne pour dire le contraire mais ce qu’on fait nous ? un texte est-il un texte ? une image est-elle une image ? une architecture... on a déjà parlé de ça l’évidence / histoires vraies et primaires comme une maison est une maison à partir du moment où elle est ce que son image en dit, une image totale
les mots ci-dessus comme réflexion du matin, je lisais, je notais, j’écrivais et redonne non exactement ce que je lisais mais ce que j’ai lu

*
j’ai trouvé un titre à notre rapport d’études un titre à ce que je propose au travers de ce rapport d’études 
je connais des chemins qui jamais ne finissent / je connais des chemins qui n’en finissent jamais 
je connais des chemins qui ne finissent jamais (ou ne finissent pas)
quelques méthodes et une infinité de chemins qui ne finissent jamais 
 
puis trois citations sans auteur nommé que j’ai modifiées par souci de transmission et d’enseignement qui en parlent justement 

maltraité énervé agressif on exige à l’avance son droit à voir satisfaits de faux désirs qu’on croit être siens 

l’amitié et le plaisir sont aujourd’hui perdus de vue et depuis bien longtemps dans ce rapport de hargne revendicative à l’égard de toute chose

on n’en veut pour son argent et est devenu méfiant comme à cran



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 30 mai 2020.