(exercice) FINAL en 3 POINTS


ça s’appelle FINAL en 3 POINTS

école d’architecture confinée / première année semestre 2

ce n’est pas un exercice à faire au sens stricte, c’est un exercice qu’on donne et on voit ce qui advient, c’est littéraire et littéral, c’est fait pour la dématérialisation de l’enseignement puisqu’on nous l’impose, plus de maquettes de carton ou de bois, plus de dessins, tout est mental et tout est là

à ces étudiants confinés auxquels la direction de l’école nationale supérieure d’architecture de normandie refuse avec insistance un workshop équitable, sorte de rattrapage à la rentrée prochaine des connaissances non acquises suite au confinement national, je propose un texte de synthèse qui vaut pour peu qu’on le lise et relise et encore et qu’on s’y applique et qu’on passe seul à la pratique qui vaut disais-je enseignement (essayez et envoyez-moi des photos !)

et basta ! j’ai la prétention de dire que là il y a sans pratique en atelier enseignement du projet d’architecture

FINAL en 3 POINTS

1_
on choisit un site, un site complexe, un vide dans la ville là où il y avait avant un plein
maquette de site contemporain (exemple de site retenu : rouen, cour du monoprix 1/200 en tout point comparable à la maquette cour hôtel d’étancourt anciennement bâti sur le site et détruit en 1966 pour bâtir le monoprix)
maquette de site historique (cour hôtel d’étancourt 1/200 en tout point comparable à la maquette cour du monoprix)
en tout point comparable signifie :

  • carton gris de même épaisseur (choisir un carton de 2 mm)
  • carton gris uniforme correctement découpé au cutter (lame neuve)
  • carton gris uniformément et correctement collé (colle blanche)
  • pente du sol correctement reconstituée (courbes de niveaux)
  • toitures et pentes correctement reconstituées (non les matériaux)
  • percement des baies à l’échelle et parfaitement dimensionnées (baies en creux sans ouverture)

parenthèse
la « figure » est la forme extérieure d’un corps (littré)
la « figure » est la forme extérieure d’un corps c’est-à-dire ce qui enveloppe ce qui dessine (et non nécessairement ce qui contient) un corps
le « corps » est ici et en l’occurrence un espace (espace unique unitaire défini et qualifié (qualifié signifie ayant des qualités énoncées telles que grand petit large profond haut bas ouvert fermé contenu lumineux sombre etc. et ça ça suffit à faire et à tout faire))

2_
maquette de figure 1/500 (puis 1/200) se définit ainsi
1 feuille de papier (type papier aquarelle, un papier épais, un papier rigide qui « se tient »)
1 feuille donc pour 2 espaces (l’un des deux espaces est statique, stable, équilibré, on y est et on y reste, on s’y pose s’y assoit, on peut y lire y converser, s’y reposer même, ses qualités (voir ci-dessus) sont clairement visibles et ressenties par tous, ses qualités sont de l’ordre de deux ou trois et jamais plus, ses qualités le rendent unique ; l’autre des deux espaces est dynamique, ça bouge, on bouge, il est question de mouvement, de déséquilibre presque, de fulgurances ou de lenteur mais il est question de mouvement et comme les murs ne bougent pas c’est la lumière qui se déplace ou bien (ou aussi) est-ce les murs qui donnent l’impression de bouger, par le rapport entre eux, les décalage alignements positions etc.
1 feuille 2 espaces donc par 3 plis, on prend une feuille de papier aquarelle, on la plie en trois endroits (deux plis parallèles et un plis perpendiculaire), 3 plis donc, 2 comme ci et 1 autre comme ça, on ne colle pas, on prend une feuille et on plie 3 fois, ça fabrique des équerres avec le papier, des angles, angles rentrants et angles sortants, 3 plis qui enveloppent les 2 espaces précédemment évoqués, et ça tient, ça se pose sur une table ou dans la main, ça se montre on en est fier car de rien une simple feuille on a fait 2 espaces avec 3 plis, on prend 1 feuille et on plie 1 fois (L ou V) et on plie encore 1 fois (U ou C ou Z ou Y ou T ou F ou S ou...) et on plie encore et de 3 mais dans une autre direction, on contredit, on accentue, on révèle, on qualifie on qualifie on qualifie
1 feuille 2 espaces 3 plis et ça donne 4 plans (4 surfaces continues de papier non découpé, non interrompu), 4 plans qui sont sol mur toit au choix, toit sol mur, mur toit sol et la maquette de figure tourne dans la main et les espaces changent selon que le mur devient toit ou sol et le sol toit ou mur etc. et on s’amuse on cherche on manipule on expérimente on découvre, on joue à créer avec 1 feuille de papier 2 espaces qualifiés dont l’un est statique et l’autre dynamique que 3 plis articulent et que 4 plans définissent
la maquette de figure est la base de tout, de toute architecture comme de tout espace même si l’espace est circulaire (O)

  • la maquette de figure est une merveille qui lorsqu’on prend de l’assurance se dessine de quelques traits ou même se dit de quelques mots sans maquette ni dessin
  • la maquette de figure est la concrétisation par la forme de l’idée de l’intention ou de l’intuition
  • la maquette de figure est mentale et abstraite sans calcul et sans résistance des matériaux
  • la maquette de figure est à l’architecte ce que la science gravitaire et la résistance des matériaux est à l’ingénieur
  • la maquette de figure est la joie de créer un espace puis deux puis douze et de travailler toute sa vie durant avec constance et progression
  • la maquette de figure se travaille encore et encore se manipule se déchire se reprend s’étend s’étire se déplie se déploie se replie s’épanouit, c’est l’idée, le fond et la forme, c’est tout, il n’y a rien de plus, que des détails des trucs des machins non inutiles mais non essentiels
  • la maquette de figure se refait constamment et change d’échelle atteignant le 1/200
  • la maquette de figure préfigure le projet architectural, elle en est l’essence, le sens, les sens, idée origine et aboutissement, elle n’est pas le projet
  • la maquette de figure faite et développée au 1/500 puis passée au 1/200 est confrontée au site, positionnée « dedans » qui doit encore devenir projet d’architecture

3_
le projet d’architecture 1/200 se définit ainsi
les 4 plans verticaux / horizontaux de la maquette de figure prennent de l’épaisseur (1mm de carton blanc toutes faces)
au 1/200 avec du carton très rigide et plus épais, les deux espaces se renforcent prenant plus de corps, les dimensions des plans s’ajustent, les plis aussi
placée dans le site la maquette de figure dialogue avec les murs pignons toits sols etc. environnants, elle entre en résonance, elle se transforme par la proximité d’autres plans préexistants plus grands plus petits inclinés etc. elle change sans vraiment changer, c’est l’espace, ce sont les espaces qui s’en trouvent modifiés augmentés contextualisés (ne parlons pas d’intégration)
la maquette de figure en feuille de papier était abstraite avec ses 2 espaces, l’un dynamique l’autre statique (ou l’inverse et c’est même), la maquette de figure en carton insérée dans le site devient concrète et les espaces prennent du corps du coffre, on s’y projette déjà, on y place un homme debout en papier noir au 1/200 il donne l’échelle on l’appelle le destinataire (mot de jacques derrida qu’on aime bien bien qu’il soit comme tant d’autres mort déjà)
la maquette de figure a pris de l’aisance mais pas encore d’épaisseur spatiale alors on s’y met on s’y colle on choisit l’un des plans, sol toit mur au choix, et on souffle comme un magicien dessus et il se dédouble se duplique à quelque distance du modèle du premier, il s’écarte de 90 cm minimum ou de 3 mètres maximum à l’échelle 1, un passage guère plus, une pièce tout entière, c’est comme la multiplication des pains, il y avait 1 il y a 2, et 2 est identique en tout point à 1 juste que 2 est un peu plus loin à l’écart et 2 change tout car 1 est plus fort plus épais avec un avant et un après, un devant un derrière, un dedans un dehors, un je vois un je ne vois pas etc. cette étape est la duplication et on y apprend qu’un mur à deux faces en a quatre et que ces faces peuvent créer un entre-deux, un interstice, un intermède, un entre-temps et que c’est dans cet entre-deux, l’histoire de l’architecture le montre, que l’architecture justement se trouve, qu’on la trouve, qu’elle se situe se découvre
la duplication doit être faite au moins une fois mais peut au maximum ne l’être que deux fois jamais plus et ainsi l’espace s’épaissit s’enrichit les lumières comme les ombres varient, il y a les espaces principaux dynamique et statique et puis il y a les espaces intermédiaires les entre-deux plus petits certes mais puissants dans l’ensemble
la duplication est un moment où tout se dessine : parcours, hiérarchie, valeurs, temps… temps, temps d’arrêt, temps accéléré, temps ralenti
dans ces espaces intermédiaires de la duplication naissent spontanément les escaliers mais aussi des niveaux supplémentaires, des espaces entiers moins qualifiés que les deux premiers créés servant à des usages annexes et secondaires
alors et seulement alors on ajoute la cerise, le poivre et le sel, le meuble
le meuble est un volume unique et entier en carton de couleur ni blanc ni gris mais orange vert bleu jaune qu’importe, un volume unique de service accessoire et on le positionne dans l’espace librement c’est-à-dire sans autre contrainte que celle de l’idée qu’on ne doit pas changer mais qu’on peut modifier, on positionne le meuble de 226 cm de haut par 366 cm d’emprise à l’échelle 1, un volume comme un cylindre, enfin une courbe, enfin un peu de rondeur et la rondeur dévore l’espace, le repousse dans ses limites, le modifie, alors on travaille on ajuste, constance et persévérance, on avance
le projet d’architecture si on n’y parvient n’est pas loin et si on y parvient n’est jamais achevé il faut reprendre et reprendre et reprendre et se tromper et recommencer mais toujours garder l’idée, l’idée c’est la maquette de figure celle du début qu’on présente à côté du projet d’architecture pour que chacun voit le chemin parcouru et la persistance de l’idée, justement



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 13 mai 2020.