rond-point


la ville a son histoire devant derrière on la croit et de crier ça plus fort encore comme pour convaincre les éveillés mais rien n’y fait peuvent hurler finiront par taire

encore présente cette image d’un carrefour sorte de nœud aux rues liées rubans de pavés sans ligne blanche sans marque juste les jours de pluies y voir les façades se refléter et le ciel en miroir encombré de couvrir le sol mieux encore qu’au-dessus de nos têtes la ville et toute son urbanité
au nord un alignement d’immeubles et de maisons comme figé de contenir les vergers et jardins du pied de colline la côte dit-on de les cacher à la ville limitant son essor ses extensions
par les fenêtres pièces traversantes le vert apparaît comme un dedans interdit jardin écrin et les hommes d’y travailler selon les saisons d’y cueillir ce qu’ils mangeront et la rue d’en profiter extension secrète simple frontière une autre vie derrière
au sud le cours et ses arbres alignés descendant vers la gare et son campanile dressé affichant l’heure sur ses quatre côtés et le port plus en avant bassin vauban aux docks de brique et aux sacs de café impossibles à compter tant il y en a qu’on est venu superposer selon des règles précises d’équilibre jusqu’aux charpentes métalliques effilées des couvertures de tuiles
sur le cours enfilade de cafés aux stores tendus aux terrasses occupées et la place pour la foire et son palais des expositions simple bâtisse halle de béton dont on ne gardera pas plus de trace dans la ville future que des activités qui s’y sont déroulées fallait faire place ont tout rasé pourtant la foire l’emplit et les manèges d’éclairer le quartier de mille points de lumière colorés quand la nuit tombée tout se met en mouvement rouages géants véhicules de tailles réduites sur de fausses routes filant et ses hélicoptères boules comme faits d’une seule feuille de tôle aux trois pales de métal qui se mettent à tourner dans le ciel toi en dedans et l’impression de les manœuvrer à même pas dix ans
et les stands de tir aux bruits stridents si près des manèges d’enfants
et rien dedans de ridicule ni les jeux ni les gains ni les gens
du carrefour on a percé le rempart ouvert le nord du cours fait un prolongement effaçant les façades d’un coup éponge en main et la route vers la côte on a réalisée plaçant en son bout un tunnel aux voûtes de béton et de briques de verre mais le carrefour s’est perdu dans l’affaire et les jardins ont disparu comme le cours plus tard s’est éteint et les cafés et les librairies et le reste la misère

le rond point se nomme toujours ainsi mais plus de point ni de rond d’ailleurs juste des hommes s’effaçant devant les voitures rapides venant de la ville haute roulant vers la gare ou la regagnant en sens opposé qu’on évite désormais par un passage protégé
le nom du carrefour est resté comme si seul il suffisait



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 17 décembre 2017.