il dit boire est affaire de quantité
elle dit boire pour s’abîmer

recevant cette photographie d’alcools japonais me reviennent les paroles de duras et de deleuze sur la boisson l’alcool boire tant et tant recommencer ne plus arrêter en lui se situer reprendre à jamais
également ces soirées japonaises films d’ozu accoudés aux comptoirs avachis sur le sol les hommes à boire pour échapper à leur histoire qu’on finit par mettre dehors ivrognes hurlant dans les rues noires
certains de vouloir voir plus loin en eux plus profond là au ventre ce qu’il y a que d’autres rejettent loin repoussent écartent et que le jour venu dissimulent du moins essaient

on a tous une histoire d’alcool qu’on l’aime ou le rejette un verre à la main on se tient qui est vide ou plein on avance hésitant ne vous retournez pas j’entends sa voix il répète ne vous retournez pas

ce soir là on rentrait à edogawa quartier est de la ville rues désertes hangars fermés aucune lumière aux fenêtres maisons isolées et nos pas seuls de résonner notre souffle dans le vide de la nuit on parlait bas cherchant notre route
la maison était coincée entre deux autres au cœur d’une parcelle carrée érigée telle une petite tour une pièce par étage et l’escalier qu’on utilisait comme bibliothèque ou stockage la porte refermée la ville avait disparue monter traverser la cuisine puis au-dessus le salon puis un bureau quelqu’un dormant à même le sol monter encore se coucher dans cette pièce couronnant le tout depuis laquelle on voyait au loin les lumières de shinjuku

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photo kenta akiyama