la ville était vide hier


au havre le musée malraux qui a changé de nom comme pour être plus en vogue à la page initiales assemblées quelque chose des autres musées de new-york ou paris de marseille ou luxembourg car on se dit comment durer attirer des flots de touristes des journalistes si ce n’est en étant comme les autres les autres les autres muma pourtant le musée malraux est construit sur un plan aux proportions du rectangle d’or dont la grande diagonale est parallèle à l’axe majeur de la ville la rue de paris filant du port à la côte de l’eau à la terre le musée malraux fait de fer et de verre enceint d’un mur blanc à l’arrête de surface de pierre noire abstraite un bras tendu vers la mer les jetées les phares que l’œil pointe visée parfaite est unique lié à son contexte œuvre des architectes guy lagneau michel weill jean dimitrijevic raymond audigier et jean prouvé avec bernard lafaille les ingénieurs le musée malraux écrin et joyau où a pris place accrochage contestable une série havraise de photographies de bernard plossu musée de lumière où la transparence semble être l’objet du lieu on perçoit un va-et-vient intérieur aux paysages sur cimaises et la mer l’extérieur cadré pleine page plage et port ciel nuageux bateaux immenses et lourds à la surface de l’eau alors on se jette et découvre que les premières photographies dans la grande nef sont celles du mru (le ministère de la reconstruction) datant de l’après seconde guerre mondiale reconstruction de la ville le tri des pierres des destructions les fondations des immeubles qu’on érige jusqu’au intérieurs qu’on meuble et jamais de dire où cela se situe quelle rue quelle place et le nom des architectes et celui des hommes qui bâtissent ni même celui des photographes rien juste le noir et blanc pour ce qu’il a à raconter de la table rase et du regard plus que précis des photographes qui sur la pellicule la fixe alors on passe et pense à la ville désormais patrimoine figée et morte on pense à la déconstruire à lui redonner des vides des espacements qui font vivre à réouvrir les lieux pour y retrouver place et là il y a ce type qui s’avance merci de ne pas vous approcher des tableaux ils sont sous alarme sous alarme ce sont des photos vissées aux cimaises mieux vaut ne rien dire se taire alors filer vers la salle des expositions temporaires croisant des étagères tout droit sorties de chez ikéa quelques catalogues épars sans intérêt où la ville parle com de son patrimoine de sa beauté fière et découvrir en périphérie de la salle ébloui d’une lumière artificielle et maladroite que le jour n’arrive à compenser son propre reflet ou son ombre dans chacun des cadres et verres protégeant les photographies en noir et blanc ligne d’horizon plongeante de bernard plossu et se dire qu’il s’est fait avoir à photographier ainsi la ville comme nous tous on la voit déjà rien de plus jusqu’au café marie-louise du quartier de l’eure devenu le cliché de ce que serait ici un bar dans ce port vidé des dockers et le funiculaire et la tour de l’hôtel de ville et le musée en abîme mais la ville est ailleurs sur les hauteurs en limite du port chez quick et près de la gare dans les intérieurs aux supermarchés dans les usines les bureaux et de se demander comment bernard plossu a pu devenir ainsi l’organe de la propagande municipale que ma ville est belle celle de la reconstruction celle du patrimoine mondial celle du béton vraiment se le demander



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 25 octobre 2015.