mieux vaut garder le silence
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terrain de jeu
suite d’appels téléphoniques
(acheter plusieurs téléphones portables)
enregistrer sur chacun d’eux un message différent
répondeur after the bip
diffuser par twitter les numéros d’appel
(ça sonne)
et chacun de redonner une parole différente
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dans une salle d’attente
avec tous mes cahiers
de notes
d’écriture
je gribouille
j’attends
j’ai repris les mots de perec
pour définir
cet infiniment petit qui occupe le temps
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ce serait comme se perdre soi-même
à la mort de mon père je n’ai pas pleuré à peine voulu en parler me réfugiant dans une mémoire opaque et épaisse que mille souvenirs me faisaient détester
il y avait eu sa violence démesurée et inutile ses cris ses coups sur l’enfant que j’étais il y avait eu le poids de sa présence on aurait dit que rien d’autre n’existait comme les mots qu’il prononçait tranchant il y a avait eu son plaisir à être différend des autres comme pour le maintenait vivant
mon père n’avait rien choisi de sa vie qui constamment se trouvait en échec ses études son métier son couple ses amis mon père brûlait sa vie et incendiait celle des autres mais personne ne lui a jamais dit
à la mort de mon père je n’ai pas pleuré la peine ailleurs plus profonde plus ancienne
depuis seulement le chercher
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je te parle à l’oreille qui ne dis rien me retiens me terre en toi
je tais un cri si grand qui me creuse me retourne ivresse
où es-tu là
où es-tu maintenant
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(je te parle à l’oreille)
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il est cinq heures
une nuit comme le jour s’achève avec peine
juste le ventre comme creusé de l’intérieur
et le goût du sang dans la bouche qui noie
tu crois à bout de bras porter un monde trop grand
tu crois que tout sur toi repose chancelant profite
profite il t’a dit avant de partir
sans préciser de quelles choses
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j’ai vu le monde disparaitre
j’ai vu le monde disparaitre
j’ai vu le monde disparaitre
j’ai vu le monde disparaitre
j’ai vu le monde disparaitre
j’ai vu le monde disparaitre
j’ai vu le monde disparaitre
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je ne gravirai pas la montagne cette nuit se dit-il en continuant pourtant d’écrire
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je voudrais brûler ma vie
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en fait ce sont ses brèves réponses qui lui manquaient
ses mots
à chacun d’eux il croyait l’entendre qui la voyait la savait là
maintenant qu’il l’avait retrouvée comment se passer d’elle
plus rien ne comptait ni ne le touchait d’autre qu’elle
il ne faisait qu’attendre un mot
un mot sur l’écran
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des années qu’on ne s’était vus
la dernière fois c’était dans un café de la porte de versailles on s’était assis dans l’avancée formée par la véranda d’aluminium laqué rouge sorte d’entre deux mi-trottoir mi-salle le dedans dehors ou inversement café désert comprenez la salle trois types au comptoir à parler au patron des habitués tous à se tutoyer l’habitude de se voir et nous esseulés comme sur le bord à la limite des choses ni vraiment là ni ailleurs commandant café sur café avec une noisette de lait s’il vous plaît et combien il en avait fallu avant que du silence on ne se libère
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il l’avait écoutée sans contester ni même intervenir se réservant le droit sur un ou deux points ultérieurement de revenir qu’il classait ici ou là dans un coin de sa mémoire des détails se disait-il sans importances sa seule défense que pourtant jamais il ne dirait
les verres étaient vides le café désert le garçon finissait de rabattre la terrasse rentrant de fragiles structures complexes des chaises entassées empilées emboîtées qui ainsi assemblées lui faisaient pensées au bruit dans sa tête inutile
elle prit congés l’embrassa sur la joue un mot encore il était seul
à peine passait-elle le seuil qu’il s’écroula sur la table
elle ne se retourna pas
il était mort
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voix articulée
voix sans issue
voix en sens contraire
voix tue

1ère mise en ligne et dernière modification le 12 avril 2014.