70 millimètres


tarantino
les huit salopards en VO

écran géant et panoramique
pellicule _ 70 millimètres
un entr’acte le temps de changer de bobine
(le distributeur n’ayant installé-là qu’un unique projecteur remis en état pour ce cinéma)
salle pleine
cinéma marignan en bas des champs élysées paris
seule salle où l’on projète le film en pellicule _ 70 millimètres pendant toute la durée de son exploitation
ex-ploi-ta-tion
ailleurs on le joue en numérique écran moins large durée raccourcie
alors pour cela y être

les huit salopards
je l’ai vu sept fois déjà
six fois en version numérique
grande salle puis plus petite bon son puis moins bon
et une fois en pellicule _ 70 millimètres
salle pleine disais-je
assis au premier rang rangée de gauche face à l’écran
plus un siège de libre
la salle devient rouge la montagne se dessine
une diligence au loin gravée dans le sang
OVERTURE
la musique emplit la salle les lumières s’éteignent les gens se taisent
premier temps

ne pas parler ici de ce que je trouve dans les films de tarantino
la récurrence
la citation
le bavardage incessant aussi
quelque chose qui se tend s’étend tire se tord et se retire se détend

paysages de neige
plusieurs plans annonçant les scènes qui suivent tournées en extérieur
et tout commence
le file se tend
la corde raide
le flingue tire
on s’étend

la porte que l’on cloue
signe de tempête
le blizzard la neige le froid

références faites à akira kurosawa et à son film les sept samouraïs
un lieu clos espace carré découpé en neuf sous-espaces carrés aussi
lieu où les sept samouraïs sont réunis par des villageois opprimés venus les engager
lieu où les huit salopards se retrouvent cloîtrés
chasseurs de primes et chassés
et dans chaque sous-espace une scène
et dans chaque sous espace la caméra se place
chaque acteur y tient rôle y meurt aussi chez tarantino
et de la cabane la mercerie aucune des parois ne disparaît quand il faut de l’espace pour tourner
montrer les latéralités
voir devant et sur les côtés dans un même plan
il n’y a pas de décor pas d’écran de bois tenu par des renforts
on tourne en rond dans le plan
la caméra jamais n’en sort
j’ai refait le plan de l’espace y dessinant la place de chacun
1_ l’entrée et son seuil à la porte sans cesse clouée et déclouée
2_ le poêle au café fumant que surplombent des sucreries torsadées et rondes la pendaison
3_ le lit les précautions les étagères filtrant la lumière et la lettre du président
4_ la cuisine le café en grains des tables pour le repas une guitare et un piano (ici un poulet aussi)
5_ le mur en pierre le foyer au ragoût la table aux échecs le fauteuil vide et le général gris du sud
6_ l’attablé qui écrit sa vie en train de passer
7_ les couvertures au mur les tables rondes et
8_ le bar qui prolonge
9_ au centre presque une trappe une table des chaises
un manège
on se déplace prend la sienne se pose parle ou se tait et meurt
la caméra fait de même

à l’entr’acte on remonte le temps reprend au générique à la croix sur la piste enneigé
on repasse les mêmes lieux en accéléré
puis de nouveau le huis-clos la tuerie qui présage d’une fin qui ne tardera plus
on reprend le fil du temps
tarantino s’amuse
moi aussi

_

à la radio le masque et la plume décida un dimanche soir de parler du film
de le détruire
de se moquer de tout
de la musique qui ne vaut pas celle de...
d’une histoire à la dix petits nègres
de tarantino qui en perd un peu plus à chaque film
du snobisme de la pellicule _ 70 millimètres
car oui à quoi bon filmer ainsi
à quoi bon

chers amis d’inter
chroniqueurs sans esprit ni regard critique
paresseux de l’ouvrage ou fatigués
la prochaine fois
plutôt que de vouloir séduire vos auditeurs attitrés
taisez-vous

et
observez



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 23 février 2016.