en bas la ville le fleuve l’industrie que le port prolonge en bas le petit commerce fermé depuis longtemps les fast-food aux enseignes autocollantes laissant à peine voir le jour une fois entrés en bas les musées les cars de touristes les boutiques de fringues et de cigarettes électroniques en bas la ville les cafés ouverts tard la nuit les terrasses noires de monde en bas la ville les êtres esseulés isolés exclus canette à la main le regard vide en bas dormir à même le sol valise laissée ouverte couverture de sacs plastique en bas la mort en bas seul l’oubli

j’ai vu le monde disparaître
je l’ai vu tomber

en haut de la ville il y en a une autre on y passe parfois la traverse ou la contourne préférant un détour préférant ne pas voir préférant la mer horizon bleu la neige l’hiver à la station préférant le monde en trois d de la salle du pathé préférant les rayons pleins du supermarché comme cette grosse voiture noire étoilée
en haut de la ville une autre blanche lisse dans une forêt insérée ville oubliée et c’est presque la peur au ventre qu’on s’y aventure condamnant de l’auto l’ouverture regardant droit devant soi ne pas croiser de regard une règle filer ne faire que passer un conseil alors on avance roule doucement et tout le monde de te regarder
en haut de la ville une autre où les hommes sont réunis autour des bancs devant les halls des immeubles retapés et ça parle ça écoute ça échange certains en mouvement ils sont trois ou quatre d’autres juste sur place qui attendent
en haut de la ville qui meurt s’isole s’oublie il y a une autre ville qui vit
aucune terrasse de café pas à payer pour se réunir on se retrouve dehors dedans c’est trop petit ça suffit attroupement selon les âges la peau grise le regard méfiant cette ville-là est à nous disent-ils tu les entends
la police rôde tourne passe et revient qui se gare sur les trottoirs des voitures des hommes descendent une patrouille on dirait l’armée ils ne font que passer tout va bien

je n’aime pas ce que tu es devenue