push #1


à londres la ville remplace la ville la recouvre brûle de tous bois et repousse plus fertile sur des cendres que le vent de la tamise disperse et dissipe dans la brume du matin
à londres on fait toujours plus fort plus grand plus haut plus brillant plus cher et tout à l’envers
à londres on fait encore moins social qu’ici en rejetant au plus loin qui ne peut payer fortune pour un logement urbain et on détruit à grand renfort de costumes-cravates les belles barres hlm celles qui avaient donné un logement digne à qui en avait besoin on les murent soudant de grandes tôles d’acier sur les fenêtres ou portes des coursives on verrouille et condamne les passerelles qui éloignaient l’auto du piéton parc à tes pieds on rase comme on se met à table et reconstruit quelques plots plus urbains avec des vraies rues et des vraies façades comme dans les revues des architectes en vogue et en vue
à londres ça pousse comme on pousse de terre et dehors
à londres on mange et mange sans cesse chez eat. prêt à manger néro mac.do kfc et il en manque qui se suivent pignons communs qui s’enchaînent se répètent et toi avec tu manges en marchant descendant du bureau en bras de chemise avant d’y retourner quatorzième étage badge autour du cou comme laisser-passer comme laisse et délaissé tu manges seul au bout de ta table téléphone en main l’ordi allumé les chiffres qui défilent qui tournent ta tête avec mais viendra l’heure de rentrer marcher jusqu’à la gare flot humain tous le même pantalon noir et cette chemise claire comme un uniforme rejoindre les quais le train où assis rêvant un peu tu t’endormiras épuisé la tête dans les mains
#PUSH



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 21 août 2013.