les habitants


j’ai parcouru la ville durant des heures au hasard des rues des découvertes des failles dans le tissus une brèche une lumière un béton la blancheur d’une façade comme le manteau or d’une femme j’ai suivi un fil distendu fleuve sinueux remontant parfois vers une source inconnue ville sans origine ville entière où chaque lieu est elle et autre ville effrayante aux corps étendus sur des matelas usés par d’autres nuits chaudes rêves et amours perdus un gobelet devant tendu parfois la main comme sur ce pont reliant les deux îles un homme d’abord avant de quitter la première jouant de l’accordéon assis sur un carton puis à la moitié de la traversée un enfant le regardant de loin comme attendant un signal instrument au cou et plus loin encore mettant le pied sur la seconde un autre toujours plus jeune jouant avec un gobelet du bout du pied qu’il repousse à distance de jambe assis à même le sol accordéon sur les genoux regardant face à lui autre rive du pont deux adultes et un enfant très jeune sur un matelas taché et leur regard de chercher à croiser tout autre qui passe dans ce qu’il reste d’humanité
les habitants de nos villes ne sont plus au balcon dans le bus ou le métro dans les cafés à parler mais à terre impuissants et fatigués



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 30 octobre 2016.