ville de bord de mer
milieu de journée
c’était l’été
temps couvert
ondées
paul grand pour son âge parcourt la ville du centre vers le large la mer la baie
chaussures cirées jeans pull de laine sous veste unie gris fer
on le suit s’en approche s’en écarte passant sur le trottoir d’en face le dépasse se retourne traverse encore revenant sur lui on le croise l’évite se décale le surprend regard absent
ville rectiligne tramée quadrillée et bien faite ordonnancée réglée stricte comme intemporelle
lumière sans ombre mais au sol mille reflets miroir sur l’enrobé immeubles démultipliés fenêtres à perte de vue
sur le visage de paul on relève la présence d’humidité(s) on y revient
paul arrive à l’église phare érigé clocher ennuagé qui traverse le parvis le coupant dans sa diagonale qui traverse le boulevard à deux pas du passage clouté remontant vers les chantiers navals désaffectés
une lueur vient de la mer une accalmie on sent le sel sur la peau dans la bouche le vent pousse et précède paul marche devant les yeux fermés on le sait
mer à marée basse anse immense cordons de galets et brise-lames retenant l’étendue de sable jaune clair
l’écume est discrète à peine colorée quelques algues et bois se déposent à chaque avancée
paul descend sur la plage ses pas s’enfoncent empreintes profondes on le suit marchant sur lui qui se met à courir les larmes à couler droit devant lui au large un navire premiers pas dans l’eau glacée aux genoux déjà au bas-ventre la poitrine paul disparaît
on a rien pu faire on est resté sur l’estran figé la mer à cesser son ressac le vent est tombé le silence s’est fait

1ère mise en ligne et dernière modification le 12 juin 2016.