campagne


traversée de campagne vendredi pluvieux quelle campagne qu’importe toutes campagnes les mêmes des prés déserts des champs aux terres rayées tigres oranges griffes de fer à lacérer pour un revenu de misère des tapis verts jaunes et bruns des pentes à dévaler tu viens neiges éternelles assis sur une luge descente aux enfers je roulais petites routes pluie averses sur de petites routes seulement que le gps désignait départementales en courbes virage après virage comme le plus court chemin d’ici à là qu’importe toutes campagnes les mêmes vraiment minées de place en place de part en part par un habitat gangrène grappes pavillonaires aux grains pourris d’avant la lumière dont le seul or est d’encre noire engagement de vingt ans en bas de la page contrats des emprunts bancaires je roulais
pays artificiel france comme les perles à ton cou le sont qui n’est que belle du moins le dit-on dans les guides et offices il y a les vallons les plaines les plateaux les forêts les lacs même on en rêverait on en rêve la nature et son retour à elle revenir campagne exil des villes terrains d’évasions devenez propriétaire investissez dans la pierre vous aussi construisez-vous un avenir meilleur je roulais des maisons par dizaines centaines comme on jette des dès au hasard sur l’échiquier maisons aux volets clos aux jardins humides à l’ombre des chênes menaçant de tomber en lisière de forêts abandonnées troncs enveloppés d’une mousse de velours vert tant le nord est grand ici et l’air de l’eau à perler sur nos visages transis mais fuir la ville où l’on meurt devant le regard plus fuyant encore de l’homme indifférent



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 16 février 2016.