du vent


personne aux fenêtres verticales de la ville ni dans l’embrasure des portes de métal et de verre des halls
personne dans les rues sur les places aux terrasses des cafés stores tirés
personne à vouloir traverser les rues formant longues files d’attente de part et d’autre d’elles rives opposées que de larges bandes parallèles et blanches réunissent comme un pont de talc sur le bitume grisé
personne aux devantures ou dans les intérieurs des boutiques vendeurs absents seulement invisibles peut-être
personne et un silence assourdissant pour peu qu’on soit là où personne n’est justement

le ciel est blanc que le béton imite aucune ombre aucun relief comme le visage blafard du mort étendu là dans la pièce
le ciel est blanc de nacre fumée ou vapeur des corps à paraître
le ciel est blanc rien ne bouge les arbres interrompus dans un mouvement disparu
le ciel est blanc comme neige surface unie étendue infinie
le ciel est blanc on l’imagine seulement

le bruit alors vient de loin un bruit montant un bruit qui avance progresse et couvre l’entendue des rues de la ville un bruit qui balaie des immeubles les façades comme rebondissant infiniment sur les reliefs rejets d’eau poteaux appuis de fenêtres
le bruit comme la main qui renverse retourne pousse au loin ce qu’il cogne frôle et évite
le bruit assourdissant des cris des disparus de la ville revenus en un instant
le bruit-chant
le bruit du vent qui monte gronde et remplit de la ville le vide



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 19 décembre 2015.