sur le ventre


je n’ai pas compris ce qu’elle me voulait pourquoi ses regards pourquoi ses mots jetés comme si on se connaissait je n’ai pas compris vraiment ce qu’elle disait son histoire de crime et de plaie là sur le ventre qu’elle se tenait je n’ai pas compris d’où venait le sang
je n’ai pas compris des années plus tard alors qu’elle marchait dans une autre ville qu’une cicatrice réunissait de repenser à elle et à sa plaie la mienne encore ouverte vive qui me faisait souffrir tant je n’ai pas compris de repenser à elle tellement
je n’ai pas compris assis devant elle le long du canal café d’angle rue faubourg du temple je n’ai pas compris sa main sur la mienne de me dire rien tu sais il n’y a rien je n’ai pas compris qu’on s’enlace du regard qu’on se dise ce que nos peaux respiraient et qu’elle parte pourtant
je n’ai pas compris quand la nuit se levait de repenser à elle si souvent la main sur un corps la main sur une autre peau et pourquoi les paupières closes c’était elle que je voyais immanquablement
je n’ai pas compris ses réponses me retenant de tomber dans une cabine téléphonique de la rue léon frot aux parois de verre sales et d’affiches opacifiées sa voix lointaine ses mots se perdant entre le mur et là je n’ai pas compris pourquoi je l’avais appelée et quelles réponses d’elle j’attendais qui n’arriveraient pas
je n’ai pas compris ces paroles son calme je n’ai pas compris qu’elle ne s’enflamme



retour haut de page

écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
Licence Creative Commons (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
1ère mise en ligne et dernière modification le 13 juillet 2013.