marseille_2


il y a désormais dans chaque grande ville de france sans pour autant que je définisse grande ville un ou plusieurs hôtels ibis que parfois quelques dizaines de mètres seulement séparent hôtels aux enseignes bleues rouges vertes rouges elles l’étaient toutes avant mais à force de croître et d’acheter tout ce qui se vend le groupe a fait varier les teintes en façades et quelques détails en dedans il était facile avant de choisir dans la gamme supérieure des hôtels aux étoiles plus nombreuses et aux emplacements mieux situés dans les villes sans pour autant que je définisse mieux mais il n’en est plus question aujourd’hui alors juste prendre le convenable la chambre basique la moquette fleurie juste prendre la même chambre à londres marseille ou paris je me souviens d’un hôtel en bord de seine le normandie où devant attendre plusieurs heures avant un dîner j’avais déplacé la table bancale devant une fenêtre quadrillée de huit carrés et verticale et m’étais assis ébloui de la lumière reflet que la seine renvoyait dans la chambre jusqu’à son entrée j’avais écrit sur ce même écran un souvenir d’enfance qui là où alors j’étais s’était déroulé mais ici la table est immobilisée au mur simple desserte tablette fixée impossible à bouger pourtant et quelque soit l’endroit la ville le pays la chambre d’un ibis fait remonter à la surface des choses banales et répétées la totalité des souvenirs dans ces lieux identiques vécus alors je revois ici à marseille les chambres de londres et les marches infinies les bus les feux le fleuve et l’usine devenue musée je repense à petitgand à pj au métal rouge ou bleu aux cours anglaises et coursives je repense aux smithon et à la peur qui m’avait parcouru alors que je me perdais dans les corridors des étages de la seule architecture sociale jamais construite et menacée alors je revois paris et la gare de lyon et celle de l’ouest creusée comme un cayon immeubles surplombant le vide démesuré je revois les grandes traversées à pied pour relier les opposés le café à la pendule retournée celui de la place où pérec s’asseyait alors je revois dijon et son hôtel vieux de plusieurs siècles où les chambres les-mêmes qu’ici à marseille alors je revois lyon bordeaux grenoble lille reims nantes niort et rennes je les revois toutes en celle qui m’abrite et les souvenirs se croisent et me perdent dans un voyage infini



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 31 janvier 2015.