réinventer la ville


la voiture on l’avait garée sur le quai entre la voie à sens unique et la nouvelle piste pour les cycles soleil déjà haut à taper l’aluminium bleu de la carrosserie comme le gaz réchauffe celui gris posé sur le feu pour ébouillanter l’eau
on a contourné le chantier détournant le regard ne voulant plus voir ce qu’on construisait là ni le béton ni la lumière chaleur montante ville ensommeillée début de matinée
aux halles centrales les souvenirs de s’entrechoquer courses de l’après-midi des jours d’été la simca sur la place un autre chantier était en cours le premier garée devenue un trou forum venté architecture sanctuaire main retournée pour recevoir qui a tant donné dont la plage arrière au soleil se décolorait on marchait
autour des halles des étals on aurait dit une braderie comme quand enfant l’été les rues de la ville s’emplissaient de stands précaires aux vêtements bon marché pantalons verts rouges ou bleus toile tendue coupe droite qu’on ne portait que deux mois avant de le couper aux genoux et de le ranger pour toujours
la ville entre temps s’était perdue devenant commune semblable aux autres ou tentant de l’être tentant de les surpasser même combat inutile qui avait motivé du premier chantier la reprise en un second plus superficiel et démonstratif culture mise de côté
on va réinventer la ville disent-ils mais qu’ils se taisent la ville est et reste bien vivante et n’a besoin d’aucun génie d’aucune invention juste d’expérimentations d’idées portées haut de convictions

inventer nuire et ruiner (notes pour plus tard)

(écrit le 7 juillet 2013 et repris le 6 juillet 2018)



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 6 juillet 2018.