dans la ville de mon enfance


simple comme un coup de fil, petite réflexion sur les cabines téléphoniques à partir d’une photo de @GeoffreyDorne (tweet posté par @liminaire le 29 janvier 2013 vers 17:20)

dans la ville de mon enfance il y avait des bancs épars trois lames de bois pour assise et trois autres en dossier le tout d’un vert sombre qui avec le temps ont blanchi comme nos cheveux et nos rêves dessous enfouis
dans la ville de mon enfance il y avait des vieux assis sur les bancs qui partageaient souvenirs et mots comme d’autres le font au café et des clochards endormis allongés respirant fort reprenant leur souffle retenant la vie
dans la ville de mon enfance il y avait les arcades au pied des immeubles qui par temps de pluie d’orages ou de tempêtes abritaient nos têtes donnant aux rues un air d’alcôve et de fête tous trempés réunis à attendre là que le temps passe
dans la ville de mon enfance il y avait le marchand de glace dans son porter piaggio qui entrait dans la cour de chaque îlot carillon en main puis attendant les enfants qui des escaliers dégringolaient une pièce à la main pour une glace en cornet
dans la ville de mon enfance il y avait dans les rues la place de se garer sans payer et jamais d’entendre parler d’amende ou de pv ni de place réservée ni de piste cyclable ni de couloir de bus rien il y avait la rue et nous seulement dedans
dans la ville de mon enfance il y avait en bas de la tour une cabine téléphonique qu’on allait utiliser chacun notre tour et avant elle c’était à la poste du bout de la rue de paris qu’on allait téléphoner aux portes de bois avec oculus vitrés entre-ouvertes si libres étaient les cabines et un botin dans chacune d’elles et avant plus loin encore dans mes souvenirs de donner le numéro à l’opératrice et d’attendre qu’elle obtienne la ligne et nous assigne un numéro de cabine
dans la ville de mon enfance les cabines téléphoniques poussaient en grappes dans les rues sur les places et s’allumaient quand on ouvrait de l’une la porte de verre pour y entrer
le temps a passé
les cabines téléphoniques ont été désertées lumière éteinte combiné raccroché avant d’être arrachées de terre et souvent encore on en voit au sol l’empreinte que l’asphalte neuf ne suffit à effacer de nos mémoires urbaines



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 29 janvier 2013.