du temps qu’on met pour arriver nulle part


ça paraît toujours simple on clique et découvre un hôtel non loin du centre-ville on clique et la gare tgv se trouve reliée au centre-ville par un car on clique et valide ce sera parfait

ça paraît simple mais à l’heure où on arrive tout se complique alors dans la gare tgv on s’inquiète de savoir où sont les cars qui la relient au centre-ville et dans le hall désert portes ouvertes aux courants d’air on s’inquiète du retard dudit car qui se présentera alors que son heure d’arrivée prévue à destination est déjà passée puis on s’inquiète de la route qu’il prend et de là où il nous laisse on demande c’est le terminus réponse affirmative et descend sans repère juste ce gros bloc qui clignote dans la nuit le casino du centre-ville déserté

ça paraît simple ça paraît central mais se repérer la nuit à un giratoire relève du défi quand plus rien ne nous parle et ce maudit téléphone qui ne nous laisse qu’une vague idée de là où nous sommes et de là où nous allons une tête rouge sur une épingle un point de l’autre côté de l’autoroute mais dans quelle direction aller et où est-elle cette autoroute alors on commence à en vouloir à ces tgv qui nous éloignent des centres et nous débarquent nulle part alors on commence à en vouloir aux cars qui nous laissent entre un bureau de police éteint et un casino où plus personne ne joue alors on commence à en vouloir à cette nouvelle mise à jour sur notre téléphone d’une application qui ne donne aucune information claire sur l’itinéraire à suivre pour rejoindre l’hôtel où on a réservé une chambre pour la nuit

ça paraît simple de venir en tgv ici et tout de le contredire une heure et trente minutes après être descendu du tgv on pousse enfin la porte de la chambre d’hôtel perdue entre un viaduc sncf et une autoroute provençale et on les entend les camions malgré la fenêtre fermée et son double vitrage étanche roulant sur la route longée valise sur l’épaule pour jusqu’ici arriver

finalement ce n’était pas simple de rejoindre ce nulle part où enfin on est



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 26 novembre 2013.