en lettres capitales entre parenthèses


je ne sais pas parler préfère me taire observer sans insister loin de me distraire et cet appareil en main que je porte sans cesse désormais à mon regard m’aide à voir de quoi le monde est fait la ville son histoire alors j’arpente inlassablement les rues tête en l’air comme perdu cherchant l’unique le particulier le tout au travers du peu que je ne cesse de croiser de trouver

je regarde le sol sa facture les murs tends la main comme pour prendre l’empreinte écoute les bruits ceux de la ville et ceux des autres et enregistre une matière inclassable et précieuse œuvre plus que tout art

je regarde

sur l’image encadrée une voiture un mur un toit ceux de la station service
sur l’image encadrée on lit une impasse derrière le mur glissée et les maisons colorées qui s’y alignent on lit le dialogue qui s’instaure on lit la poésie de la ville sédimentée

une seule prise photo de l’instant se calant immédiatement sur le regard la précédant et l’homme à la voiture rouge qui allait apparaître dans le champ faire vite coupure section temps et au travers de son auto qui existe encore et tout autant les familles qui vivent derrière le mur et les clients des pompes à essence et les gens de la rue qui bourdonnent encore en sourdine

tout ce qu’on dessine tout ce qu’on écrit n’est qu’œuvre partielle que le temps réalise fait vivre et tue



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 12 novembre 2013.