gare de lyon


quelques heures à attendre un autre train qui remonte de montpellier alors que j’avais fait un détour par marseille et repris le tgv à aix ça évite les embouteillages on est sûr d’arriver

ça faisait plusieurs années que je n’étais pas retourné voir la montagne sainte victoire ni la sainte baume ni gémenos où en 2005 j’avais achevé un projet pour la commune quelque part autour du 14 juillet
deux fois par mois je quittais alors le nord pour rejoindre marseille et dormir près d’aubagne dans un hôtel de seconde zone des nuits entières à lire dans la chaleur pesante de la chambre et au matin reposé du jour arrivais le premier sur le chantier les pieds dans la terre l’odeur du béton frais la main passée sur les murs caresses sur la soie grise décoffrée de frais

cette fois j’avais récupéré une voiture de location à la gare saint roch de montpellier une voiture presque neuve à l’intérieur de plastique noir une peugeot dernier cri garée sur un parking éloigné du bureau de location dédale de chemins à se perdre que je n’ai failli jamais trouver c’était vers 11 heures elle m’attendait et ensemble on a quitté la ville son moteur se coupant à chaque arrêt que je ne savais redémarrer on aurait dit qu’elle hésitait le hasard de mes mouvements de jambes nous faisant tout de même avancer
à deux on avait du mal à quitter la ville qui pourtant ne m’avait pas séduit mais comme retenus par elle on cahotait avant de rejoindre périphérique puis autoroutes nîmes aix-en-provence pour contourner marseille et rejoindre aubagne direction toulon sans qu’aucune de ces villes ne soient ni atteintes ni traversées la route nous gardant à bonne distance des gens qui y vivaient
je me suis arrêté un quart d’heure sur une aire de repos dormir un peu ayant pris soin de régler mon téléphone qui à temps me réveillerait trajet à finir pour arriver à l’heure à ce rendez-vous pris retard impossible avocats experts élus entreprises
j’ai garé la peugeot sur le parking que j’avais des années avant dessiné un soir de concours sur du calque blanc et qu’on avait transformé en plans techniques et descriptifs avant de voir les pelles le façonner les arbres le planter et l’enrobé le recouvrir j’ai coupé le moteur ouvert la fenêtre me restait un peu de temps pour respirer l’air chaud de la vallée
rendez-vous fini soulagé j’ai filé repris la route celle de la montagne celle qui la voit de face la sainte victoire comme un mur qu’on finit par contourner puis d’aix le périphérique et la sculpture de vasarely annonçant le musée dont les disques noirs désignent le corps tourner prendre les milles suivre la route encore la gare au milieu de rien impossible de la manquer

un soir après des essais d’éclairage dans le bâtiment juin 2005 j’étais venus là dans cette gare centre d’un giratoire devenu parking et sur le quai il était tard j’avais retrouvé une femme aimée perdue de vue depuis tant d’années la voir une évidence s’embrasser parler faire le trajet ensemble je me souviens lui avoir montré les photos prises la nuit précédente de ce bâtiment que je construisais
les trois heures de train n’avaient pas duré déjà on arrivait et sur le quai elle a disparu comme je l’avais retrouvée

j’ai avancé l’heure de mon train perdu le billet acheté impossible à changer en ai payé un autre qui gare de lyon plus tôt me ferait arriver
je voulais retourner dans un de ces cafés qui font face à la gare et dans lesquels tant de fois j’ai déjeuné et dîné
je voulais revoir un peu de mon passé



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 6 octobre 2013.