du jour la nuite


on avait fini par se séparer se saluer se dire à demain et seul nuit tombée j’étais reparti pour une autre traversée ville endormie remontant du jour le cours comme si la nuit en était l’envers comme si une fois venue se déclenchait un compte à rebours qui au jour précédant ramenait je progressais lentement comme tâtonnant longeant les façades noircies boutiques éteintes aux lueurs succinctes rideaux de fer tombés théâtres vidés et dans les rues peu de mouvements où seules quelques voitures parfois filaient lumières lancées devant
des clichés pris de fenêtres carrés de lumière dans un ciel noir néons de cuisine close fast-food incertain de trottoirs couverts de dalles gaudí (je me souviens avoir reçu il y a cinq ou six ans une boîte rectangulaire et brillante de carton blanc recelant une dizaine de chocolats aux formes et motifs identiques à ces dalles signées qui en leur cœur étaient poivrés salés ou à la graine de moutarde) de ponts autoroutiers semblant suspendus plus que portés et de moi marchant maintenant le pas rapide et le rythme soutenu pour fuir la nuit avant qu’elle ne m’enfouisse et que je ne sois plus

la ville passa vite la nuit moins à lire le notaire d’abord puis à écrire de ce premier jour le récit comme si j’en avais été non acteur mais témoin

barcelone_février 2013



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 11 mars 2013.