abîme


c’est incompréhensible quelque chose comme un sort jeté un poids une charge qu’on traîne sur les épaules à bout de bras c’est immense comme le vide le manque ça t’arrache en dedans tord ce que tu sens sans voir tu en trembles c’est le froid qui gagne ça parcourt le corps tend la peau tu perds pied chaque fois tentes de refaire mais rien n’y fait ça dérape se dérobe se retire plus qu’un retrait ça disparaît c’est incompréhensible quelque chose comme la fin une fin qui se répète qui revient un retour sans cesse à la fin à peine un début et la peine de la fin fin renouvelée indéfiniment tu ne sens plus tes mains tes yeux se ferment un violon quelque part crie mais pas assez fort pour couvrir le silence qui gagne tout s’éteint une mort une mort sans fin une mort longue comme une vie c’est incompréhensible d’en revenir toujours au même point et de ne se résoudre à l’accepter à accepter non cette fin mais le caractère inéluctable de la chose qui prend fin qui prendra fin toujours à construire dresser la tête projeter devant une image un rêve un horizon lointain et se retrouver face à un mur un vide une abîme un désert au bord de la terre au temps où elle était plate le vide après la limite la chute après la fin la chute avant la fin c’est incompréhensible cette chose en soi en toi cette énergie à refaire et à y croire pour tout voir se défaire et choir perdre le fil de l’histoire la dénouer ne plus rien y voir que des parallèles qui jamais ne se croisent et se perdent ne plus y croire un mot pourtant suffirait un mot une histoire quelques phrases tu les as en tête les répètes tu les sais par cœur mais te tais parler suffirait tu te le dis mais rien ne dis se taire pour voir jusqu’où tout ça ira et si la ligne devant soi devant toi est vraiment la fin la chute le vide



retour haut de page

écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
Licence Creative Commons (site sous licence Creative Commons BY-NC-SA)
1ère mise en ligne et dernière modification le 12 novembre 2022.