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comme un enfant chercher ce qui rassure sans regarder derrière alors aller de l’avant et revenir toujours à la même place la sienne celle de celui de passage équilibre précaire où le pas suivant évite de chuter
le ciel reste ce matin gris fer que des grands carrés de verre cadrent comme des tableaux au mur nous laissant à distance nous interdisant d’y entrer d’y plonger et le fleuve d’apparaître comme une tache-miroir que le pont survole que des voitures parcourent peut-être toujours les mêmes dans un sens puis l’autre puis encore et reviennent peut-être sans conducteur sans passagers à cette distance on ne reconnaît que l’image des voitures une forme approximative que le contexte assure le ciel s’étire se déchire un peu de lumière un peu d’azur la tache du fleuve scintille les silos s’y reflètent désormais un second jour se lève
l’appartement loué pour quelques jours est haut dans le ciel surfaces minimales en duplex entrée-sas séjour-cuisine escalier descendant vestibule-salon trois chambres et les commodités en cabine de bateau et les loggias ouvertes sur le paysage la ville nantes d’un coté l’est de l’autre le pont les silos les avions qui rejoignent l’aéroport où qui en décollent l’ouest et au loin l’estuaire saint-nazaire la mer
ici on collectionne les objets des années 50 peut-être pour se rassurer et parce qu’on croit que l’architecture doit être figée une image simplifiée ou parce qu’on pense que c’est ce que les autres attendent on nous prend pour des touristes



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 24 décembre 2019.