heures (récit de voyage #10)


on avait dressé l’inventaire comme dans un cahier des villes ainsi à se plier descendant vers la mer descendant vers un fleuve une plaine un creux de terre on avait parlé des murs des escaliers des rampes et routes sinueuses on avait dit combien on avait aimé pénétrer ainsi les villes étagées se donnant à voir comme en contreplongée plans successifs mouvements différés le train animant les scènes se jouant des tableaux
on avait à peine l’air étonné d’être là parlant comme si le monde partout le même ce qu’en nous on croyait car qu’importent le toit la forme du train la couleur de la pierre qu’importent les noms les voix les accents clairs qu’importent la couleur des ciels la chaleur de l’air l’homme partout le même à ne plus savoir quoi faire à tendre la main pour prendre ou attendant juste de celui qui a pris qu’il rende
on avait en train fait un second voyage échangeant en mots en regards comme des vagues ressac incessant ressassées infiniment sa voix la mienne couvrant nos entendus se retirant on avait tant dit déjà que les heures futures se dessinaient non comme un dupliqua mais un regard doublement puissant
on avait refermé les cartes les sacs on avait réglé les forfaits les points de chutes les premières heures on avait défini où on irait sortant de là refaisant surface quand dans le sol le train se ficherait on avait remis les vestes quittant des yeux les fenêtres assis face à face on avait attendu notre heure

barcelone_février 2013



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 27 février 2013.