le bassin


il y avait de la place dans la ville alors on a fait comme on pouvait avec celle là

un jour on a installé une piscine sur celle appelée gambetta celle qui verra une irruption culturelle prendre et redonner joie et espoir en la modernité en la ville en l’état

un simple bassin rectangulaire posé à même le sol occupant le quart nord-ouest et de montrer ainsi une diagonale de vide inverse et voir en son eau les alentours s’y refléter

les côtés étaient en fer comme de la tôle ondulée et blanche et peu hauts juste de quoi assis dedans s’immerger et pour les autres au pourtour d’en voir la surface et le miroir

une ceinture de bancs en limitait l’accès et dans son dos celui du commerce bassin géant port intérieur oublié des bateaux devenus trop grands depuis longtemps

les enfants se déshabillaient sur les bancs ou dans les bras des parents qui accompagnaient et enjambaient le bajoyer pour glisser dans une eau tiède et chlorée dont ils ne ressortaient qu’avec l’extrême difficulté de celui qui heureux voit la vie le rattraper

les voitures étaient garées autour et pas un arbre pour mettre la distance mais rien ne comptait plus que cette eau contenue et accessible ce bassin sur la place donnant vie

dans les rues voisines aucune raison de changer les habitudes et les passants juste de regarder sans cesser de marcher les enfants en-dedans à crier s’éclabousser jouer

on avait installé ce bassin sur l’idée d’un seul homme et personne de contrer alors on y est allé on l’a occupé le corps sous l’eau les yeux ouverts on a regardé la ville et ses blocs de béton quadrillés on a regardé le ciel que le vent se faisait fort de changer à chaque coup d’œil et ça a duré l’été ce bassin sur la place la piscine en ville et on a tout démonté laissant au sol la trace de la bâche et du sable qui servaient de fond et les bancs de mettre plus de temps à disparaître attendant de la municipalité un camion

un bassin à la bourse existait au modélisme il servait on n’a pas fait la différence on s’y est jeté et on a eu du mal à nous en sortir toute à nous qu’elle était la ville avec ses places ses rues ses quais ses jardins et ses bancs répandus comme aujourd’hui la publicité



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 16 décembre 2017.