voyage à tokyo VI


lundi 17 heures
dans la rue peu de bruit des pas seulement aucune automobile pas même un vélo dévalant la pente des passants des têtes connues des voisins des amis de la famille d’anciens copains d’école un chien assis
la main sur le guidon du vélo appuyé à la façade avant de l’enfourché cadre jaune direction la boulangerie qui fait le coin d’une rue du quartier on a mis des années à s’habituer à cette absence de noms de rues pourtant très vite on a connu le quartier comme celui dans cette ville du bord de mer où enfant on habitait connu les maisons les murs les haies la main les frôlant les aboiements quand devant un jardin on passait le bruit des volets que chaque jour à la même heure quelqu’un de l’intérieur fermait sans se montrer on a connu les carrefours les trottoirs les poteaux électriques aux grésillements entêtants et les gens qu’on croisait toujours les mêmes à rester là dans le quartier comme si la ville autour était loin impossible à rejoindre à aller voir à visiter ou n’existait pas comme si ici était le seul lieu pour soi
la boulangerie toujours la même simple local blanc épuré carrelé quelques étagères au mur quelques pains dedans et des vitrines réfrigérées présentant des gâteaux trop décorés et le boulanger debout au milieu de la boutique à accueillir à servir à remercier qui ferme le rideau de fer dès le dernier pain vendu journée achevée

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photo kenta akiyama



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 30 novembre 2016.