à l’entrée de la ville ou bien est-ce quand on en sort il y a deux stations service presque face à face comme souvent tant de voitures avant passaient là tant de camions et l’une d’être encore ouverte plot cylindre blanc bandeau rouge au-delà de l’auvent qui couvre pompes et automobilistes pistolet à la main faisant le plein et l’autre fermée ancien garage auvent de béton peint de blanc maison bourgeoise à la façade tôlée devant laquelle la ds de mon père s’arrêtait souvent dans un mouvement hydraulique qui expliquait ce mal constant que nous ressentions à l’arrière roulis vagues de front ou latérales comme malades nous étions au début des voyages au démarrage pendant les coups de frein et après les arrêts encore longtemps


la station cylindre est de jean prouvé sorte de maison type au noyau porteur comme la tige d’une fleur et aux pétales formant planchers avec à l’étage le logement du pompiste abandonné depuis à des stocks inutiles des cartons de prospectus des calicots saisonniers mais y vivaient par le passé un camarde de classe on y montait jouer y goûtait se cachait pour finir par se chercher tournant en rond dans ce plan circulaire pièces triangulaires aux façades de plastique et de fibre de verre


la maison bourgeoise a perdu ses pompes citernes ensablées perdu ses affiches et le nom du carburant qu’on y vendait mais quelque part sous la peinture blanche écaillée réapparait kléber comme surgissant du passé lettres noires adhésives sur lesquelles la peinture peine à rester


des stations prouvé il n’en reste que très peu tant on les a démontées mises au rebut et celles qui subsistaient sont désormais vendues à des collectionneurs du monde entier par une galerie parisienne et fortunée sauf celle-là peut-être


la maison à la façade de tôle a quelque chose lié au voyage à l’ailleurs unique témoin d’un procédé d’écailles bardage plié plaques de métal embouties jointées peut-être me fait-elle penser aux longues routes américaines aux peintures de hopper tant elle est esseulée dans ce paysage de bords de seine tant elle est étrangère à nos années