les mains des hommes gris bavardent


parfois on ne peut pas dire parfois on n’a pas de chance
ils sont montés à quatre à lyon quatre enfin deux et deux qui se sont assis ainsi deux devant moi dans le carré deux sur ma droite carré voisin sens opposé alors s’ils avaient voulu se parler ils auraient pu mais non n’extrapolons pas là où la réalité suffit
ils c’est les hommes gris aux mains chargées de sacs cartables pochettes ordinateurs à l’intérieur qu’ils n’auront même pas le temps de sortir tant tout va aller vite se précipiter dès qu’ils se seront assis
ils c’est les hommes gris aux mains qui bavardent on ne s’entendait plus malgré duras dans ma tête parlant sans cesse malgré trintignant la lisant malgré les lettres de lewis carroll à alice vraiment on ne s’entendait plus tant ces mains bavardaient articulant des mots produisant des sons flots continus mot-mouvement
face à moi les hommes gris se tenaient correctement je ne peux pas dire parlant chacun leur tour faisant des gestes de leurs mains presque comme si elles étaient les lèvres de leur bouche mais de l’autre côté du couloir tout était différent l’un des hommes gris se taisant écoutant ou le faisant croire l’autre infatigable mécanique intérieure remontée à bloc qui bavardait bavardant
j’ai fini par ne plus voir que ce dernier alors que duras disait la terre de son enfance et lui de bouger ses mains comme sculptant l’air avec en fond d’écran par le cadre de la fenêtre découpés des champs à perte de vue terre striée
j’ai photographié les mains des hommes gris
les mains des hommes gris qui bavardent
mettant de la couleur dans leurs yeux












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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 20 mai 2016.