quelque chose comme


quelque chose comme ça

aux étagères sur les tables posés comme un horizon que le regard sait plus que connaît des livres comme siens je veux dire des livres identiques à ceux qui entourent et assoient ceux qui tiennent et retiennent ceux qui tirent je veux dire presque soi

traverser la ville d’abord du nord au sud d’un bord aux bords de la butte au fleuve ça descend glisser sur la pente se laisser rouler on y arrive bassin versant bassin devant arsenal extrémité du canal laisser le vélo qui portait le corps le long d’une palissade travaux en cours nouvelle voie de bus la ville et ses règles ségrégations interdictions restrictions autorisations séparations l’attacher code anti-vol vérifier hésiter et appeler

c’est moi je suis arrivé

replonger dans duras et godard frôler tarkovski épuiser beckett parcourir deleuze voilà de quoi ces dernières semaines ont été faites

le voir venir s’approcher monter l’escalier de la passerelle et de la main ouvrir la grille bonjour venez

endroit plus que lieu trop petit pour parler espace trop intime aussi alors endroit est le mot juste son endroit chaque chose à sa place choses éparses livres cahiers et difficile de trouver autre chose à recenser au premier regard des mots sur des tranches comme des contenus le reflet

des heures aussi à chercher un logement dans cette ville folle d’exclusion et d’espoir des heures sur le portable à faire défiler la spéculation immobilière et la faillite du monde organisée

le synthétiseur la caisse claire l’ordinateur ouvert on ne les voit qu’après après la visite de l’endroit ici c’est mon bureau dit-il il y avait avant une banquette mais moi il fallait que je travaille dessous il y a un grand coffre et là c’est la cuisine avec la table pour le repas mais je vois que vous êtes un peu grand ça va être difficile là il y a le lit je l’ai modifié pour que ce soit plus confortable je mets la tête là des placards dessous des placards encore et il y a les toilettes pas de douche pas de lavabo juste des toilettes

s’assoir prendre son temps dire vous savez je suis architecte j’ai besoin de sentir ressentir l’endroit le reste ne compte pas sauf peut-être tous vos livres godard duras beckett tarkovski foucault ces livres identiques aux miens qui font cet endroit presque mien sans que j’y sois

je fait du cirque je tourne dans la france entière monte des spectacles on est deux ou trois des années entières ce n’est qu’un pied à terre il dit ça

sortir du bateau en baissant la tête et se saluer sur le ponton l’ange de la bastille au ciel en témoignera



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 8 avril 2016.