le havre


personne aux fenêtres verticales de la ville ni dans l’embrasure des portes de métal et de verre des halls
personne sur les places aux terrasses des cafés stores tirés
personne à vouloir traverser les rues formant longues files d’attente de part et d’autre d’elles rives opposées que de larges bandes parallèles et blanches franchissent comme un pont de talc sur le bitume grisé
personne aux devantures comme dans les intérieurs des boutiques vendeurs absents ou seulement invisibles peut-être
personne vraiment silence assourdissant

le ciel est blanc que le béton imite aucune ombre aucun relief comme le visage blafard du mort étendu là dans la pièce
le ciel est blanc de nacre fumée ou vapeur des corps à paraître
le ciel est blanc rien ne bouge les arbres interrompus dans un mouvement suspendu
le ciel est blanc comme neige surface unie étendue infinie
le ciel est blanc on l’imagine seulement

le bruit alors vint de loin un bruit montant un bruit qui avance progresse et couvre l’entendue des rues de la ville qui balaie des immeubles les façades comme rebondissant infiniment sur les reliefs poteaux appuis et fenêtres
le bruit comme la main qui renverse retourne pousse au loin ce qu’il cogne frôle et évite
le bruit assourdissant des cris des disparus de la ville revenus en un instant
le bruit chant
le bruit du vent qui monte gronde et remplit le vide de la ville



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 28 février 2016.