on avait même volé l’endroit


elle était debout sur un tabouret de bois piètement instable et assise massive et creuse qui manquait de tomber elle cherchait sur la pointe des pieds à voir l’endroit elle cherchait la mer cherchait la plage cherchait le vent elle se reprenait et du tabouret descendait comme faisant une pause
on avait volé les fenêtres et on avait volé les meubles les tapis à peine s’il restait le sol pour se poser on avait tout volé et des grands baies ouvertes sur le paysage ne restaient que de fines impostes en haut des murs placées
elle remontait sur le tabouret sautait sautait mais rien ne revenait ni la ville lointaine mille lumières la nuit comme en veille de l’autre côté de l’eau ni le sel des embruns sur les carreaux sur sa peau elle cherchait en elle où tout était peut-être caché elle fermait les yeux les ouvrait croyant qu’à chaque clignement de paupières le monde aurait changé

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on avait même volé l’endroit est une phrase prononcée par marguerite duras alors qu’elle racontait l’un de ses rêves
l’image est une photographie faite alors que sur le téléviseur passe le camion



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 19 février 2016.