téléphone


des téléphones il y en avait deux un au rez-de-chaussée de la maison qui comptait quatre étages et un autre au second en considérant que le premier était celui situé sur l’entresol et non celui l’étant vraiment
en bas disait-on pour simplifier le téléphone était posé sur un guéridon de bois sombre quatre pieds lampe sur un seul et napperon de dentelle amidonnée qui semblait quand en passant on le bousculait garder longtemps l’onde de choc de celui reçu sorte de vacillement incertain dans l’issue comme si les pieds trop frêles ne suffisaient à en garantir réellement la stabilité et le maintien
en haut qui voyagea du palier de l’escalier central aménagé en bureau au bureau qui était avant ma chambre devenu celui de mon père qui s’y enfermait de longues heures le soir alors qu’un feu brûlait dans la cheminée confort visuel ou sonore plus que thermique ces petites cheminées au tablier de marbre ne chauffaient pas l’air à cinquante centimètres d’elles et on finissait toujours debout leur tournant le dos les mains pareillement placées à tenter de se réchauffer le téléphone était là sur sa table de travail de biais comme pour le rendre plus facile à attraper soupçon d’un soucis de fonctionnalité alors qu’il était assis attablé à lire ou écrire ce que personne ne lisait ni ne lirait mais qui jamais vraiment ne servait à quiconque d’autre que moi voulant m’isoler alors que sa sonnerie emplissait en bas et en haut et de bas en haut la maison je criais c’est pour moi je prends prenais prenant également le temps de refermer la porte derrière moi de m’asseoir dans son fauteuil à lui à l’assise tapissée de velours rouge sombre avant de décrocher disant un mot bonjour et de rester accroché au combiné à parler une heure au moins alors que chaque minute comptait qu’un compteur déporté dans un terminal des télécommunications décomptait qui finissait par être facturée assemblées par dizaines des dizaines de francs pour celui qui appelait et déjà d’entendre à l’autre bout du fil dans l’espace intérieur de la maison sorte de pavillon auditif et de lotissement raccroche ça coûte une fortune le téléphone et c’est tous les jours la même chose vraiment



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 26 janvier 2016.