en mouvement


je ne m’y connais pas en arbres un érable un chêne un saule un hêtre peut-être mais guère plus que je ne reconnaisse
je ne m’y connais pas pourtant ici rien d’extraordinaire ni beau port ni belle frondaison à peine quelques troncs il y en trois au fond du jardin dégagés verticaux proches noirs
je ne m’y connais pas et ne reconnais que le rosier vulgairement rose et les trémières dans un coin fanées fatiguées d’une inutile beauté
je ne m’y connais pas et d’ailleurs n’aime pas les jardins les pelouses les patères les massifs plantés et les bassins préférant les villes les trottoirs les places et les gens qui de dos de face y mettent le mouvement
je ne m’y connais pas en jardin mais ce souvenir récurrent des tontes chaque samedi des sacs où on entassait l’herbe mon frère et moi gamins et les haies à tailler et les feuilles l’automne à ramasser et les soirs d’été arroser sans fin étirer le tuyau jaune depuis la cave jusqu’à la rue et remonter le terrain dans un mouvement régulier comme balayant de pluie l’étendue de pelouse dorée et asséchée
le ciel ce soir s’est couvert la lumière intensifiée on dirait le monde dehors révélé
il n’en est rien
je voudrais faire façon gilles clément un jardin en mouvement
de dos
de face
un jardin vraiment



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 21 juillet 2013.