architecture


feuilletant un ancien numéro de la revue "architecture d’aujourd’hui" de décembre de 1954 ayant pour thème "habitations collectives" sous la direction d’alexandre persitz par danielle valeix je suis frappé de la qualité architecturale des soixante projets et réalisations présentés et de la pertinence de les réunir dans un même volume qui loin d’être exhaustif a le mérite de les classer par forme, assemblage, site, pays, etc.
chaque projet occupe une demi page et est présenté au travers de photographies et de plans selon l’intérêt ou de coupes et accompagné d’un court texte explicatif explicitant ce qui le rend "remarquable" de la production du moment
bon nombre de ces projets sont aujourd’hui détruits ou en cours de destruction ou méconnaissables par des ajouts et rénovations successifs et sans qualité ni respect de l’idée originelle qui les avait fait être bâtis et choisis pour ce numéro d’"architecture d’aujourd’hui"

il y a quelque chose d’effrayant à feuilleter ce numéro aujourd’hui et ce n’est pas dans les erreurs monumentales de l’urbanisme et de l’architecture des années 60 mais bien dans sa confrontation à celle contemporaine pauvre et mal bâtie que nous voyons fleurir dans nos villes et que les revues actuelles encensent comme le tout nouveau produit consommable que l’on jettera à la sortie mondiale d’un autre tout nouveau modèle le remplaçant
l’architecture ne se consomme pas
on l’habite la vit la déteste l’adore ou s’en indiffère on s’y attache s’en détache elle est en nous en nos souvenirs en notre histoire elle est nos lieux de vie de travail des lieux de rêves ou d’enferment de peines sans fin d’injustices de joies
chaque jour on l’a détruit pour rebâtir à sa place ce que les banques les financiers les promoteurs les décideurs veulent voir surgir et c’est du neuf du climatique de l’environnemental pour faire marcher le commerce et les grands fournisseurs d’énergie de l’accession à la propriété ou des produits pour défiscaliser et encore et encore ou se donner belle image

arrêtons de détruire arrêtons de bâtir on a tout à y perdre et ce qu’on voit surgir chaque jour le prouve et comment ça vieillit

il faudrait se poser réfléchir prendre son temps approfondir
il faudrait étudier l’existant avant d’agir et écouter avant de dire
il faudrait enseigner à tous de l’architecture son histoire et comment on la lit et comment on la vit sans préjugés sans avis et laisser de côté les rois qui décident aujourd’hui

ils étaient 120 étudiants ce matin à entrer en première année d’enseignement de l’architecture à l’école nationale supérieur de normandie 120 sur 1400 à s’y être présentés mais qui demain leur fera confiance qui demain les écoutera qui demain les laissera parler

(l’image est des halles_paris_p.berger architecte)



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 17 septembre 2015.