marseille_4


assis place de lenche dans la pente de la vieille ville versant vers le bassin on dirait le soleil éteint ou si loin que le ciel peine à en maintenir le teint bleu qu’un blanc vaporeux dilue et peint
la place est vide sans les tables les toiles tendues le bruit des téléviseurs les serveurs et les gens attablés des restaurants voisins qu’on ne voit peut-être que les jours où le temps est beau et ceux où la ville pleine attire dans ses rues et sur ses quais des touristes perdus et désabusés des autres bondées et mondaines
le son des voix des moteurs des pas plus qu’à l’habitude ricoche et revient
ici dans les rues toujours quelqu’un pour parler fort pour embrasser tendre la main et d’autres sans plus d’effort assis couchés perdus c’est certain espèce de connard quel monde de merde dit-elle à un passant invisible et imaginaire qui se reprend alors que je la dépasse excusez-moi monsieur mais à terre le monde est en creux je m’arrête lui parle un peu bien que ne sachant quoi dire qui êtes-vous qui êtes-vous je répète mais elle n’écoute pas qui déjà interpelle un autre rêve que ses mains tournoyant dans l’air tentent de te retenir en vain
plus de trente kilomètres hier dans la ville plus de trente kilomètres au hasard des rues des bâtiments qui appellent des percées lointaines des lumières contrebalançant les ombres plus de trente kilomètres parmi les ordures entassées entre les voitures plus de trente kilomètres sur les rails du futur tramway qui aujourd’hui encore libère la ville avant de la contraindre plus de trente kilomètres au-delà de la plaine sur des versants inconnus plus de trente kilomètres entre les tours les barres les murs de la ville phocéenne



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 1er février 2015.