w.


on m’a raconté une histoire

la ville était froide presque blanche qu’un vent sec rendait tranchante à l’âme
la traverser alors relevait de l’expédition à préparer avec sérieux comme la vague loin au large se forme et prend corps pour venir caresser de la grève le sable et qui avec discrétion en extrait la peau comme l’écume à peine à fleur effleurant le grain de la chair n’en retenant presque rien un sel un or
manteau écharpe et un autre et une autre fallait savoir se préserver pour résister tout emmitouflé dans la ville aux deux rives que le fleuve jamais n’avait divisé et partir comme brûlant au dedans marcher savoir où passant par le chemin le plus court le plus sûr celui des passages et des cours vent retenu un peu de la chaleur des murs dans l’air du moins y croire la peau gelait y avoir cru
la boutique était ouverte mais ses portes non qu’il fallait pousser dernier effort avant de retrouver d’un intérieur le chaud étouffant presque obligeant à se débarrasser d’une couche de ses peaux artificielles et laineuses puis d’une autre respirer boutique à traverser îlots comme la ville rayonnages ordonnés avant de s’immobiliser devant un présentoir chercher chercher encore laisser défiler revenir repasser retirer puis remettre enfin choisir tenir en main ce pourquoi on est venu cœur battant tant ça convoque ça raconte tant on aurait voulu ne pas avoir à l’acheter ce boîtier de plastique musique gravée
en caisse presque personne alors se préparer de nouveau aux extérieurs refermer manteaux nouer écharpes en attendant que cette momie devant soit passe qui se retourne lunettes rondes les yeux derrière comme seul témoignage de la vie sous une fourrure si épaisse les mains sont cachées peut-être absentes la bouche invisible mais reconnaître W
le temps de payer W est presque dehors qui semble fuir du moins se presser pressé qu’il est de retrouver l’extérieur quand deux vigiles le serrent l’enserrent le maintiennent et l’invitent à les suivre dans le bureau de la sécurité alors ce sentiment étrange d’avoir laissé arrêter laissé faire devant soi sans mot dire le plus grand des cinéastes vivant pour quoi dans la poche glissé une musique ou bien un film peut-être même était-il de lui



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 3 décembre 2014.