nouvelle politique


depuis plusieurs années je photographie à l’aide d’un simple téléphone au gré de mes voyages incessants et des nombreuses villes traversées parcourues et découvertes les gens au sol étendus ceux assis main tendue ou adossés aux devantures vêtements en lambeaux visages gris regard perdu et les nombreuses façades commerciales et artisanales rideaux tirés vitres blanchies traces grossières de l’éponge ayant étalé le blanc d’espagne panneaux scotchés à louer à vendre à céder bientôt ici qui jamais n’arriva fermé
il n’est pas question d’évolution ni de chacun son temps celui-là révolu passé enterré fini non il s’agit de l’abandon le nôtre envers nous-même la préférence de l’abondance l’attrait de tout du coût et du neuf à l’écoute toujours des slogans que répète la finance du plus petit profiteur au plus grand alors l’envie grandissante de tout défaire tout reprendre la fin proche assurément
à paris on dort sur un matelas entre les deux piles d’un viaduc à la promenade plantée et inutile comme entre les deux arbres d’une avenue aux boutiques de luxe ou sous le porche d’un immeuble aux logements hors de prix et le recoin d’une vitrine boutique désertée comme ailleurs comme partout et les autres à côté de passer sacs à bout de bras chargés les yeux lunettés brun foncé reflet du ciel il y a les cabines téléphoniques désertées de tout utilisateur et le pouvoir qui les a oubliées ruines de verre qu’habitent des hommes coussins couvertures sacs entassés et puis les errants marchant sans cesse hurlant parlant chuchotant la haine d’eux-mêmes et du monde dont ils font encore partie pourtant
il y a quelques jours avec une amie architecte elle travaille actuellement pour une association caritative d’hébergement on disait la difficulté à construire un espace adapté à cette exclusion à ce retrait de la chose commune et comment il est même impossible d’envisager et concevoir ce qui pourrait correspondre à une attente et pourquoi
enfant je rêvais traversant le havre après une journée d’école que plus tard je prendrai ce type assis devant les galeries avec moi l’hébergeant lui offrant un travail mon aide je rêvais de ça
aujourd’hui je voudrais lui donner le pouvoir

(photo gare de lyon_paris été 2014)



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 3 août 2014.