l’étau se resserre sur le gendre de la victime


l’étau se resserre sur le gendre de la victime titrait la une de la marseillaise il était tôt un café au comptoir le soleil de l’autre côté de l’immeuble baignait le monde de sa lumière chaude je venais d’entrer les autres déjà sur la terrasse à déjeuner

autrefois tu pouvais vivre ici sans plus sortir il y avait l’épicerie le boucher le boulanger il y avait l’école et le gymnase sur le toit aujourd’hui une librairie mais spécialisée des bureaux à n’en plus savoir ce qu’ils y font des agences d’architecture et immobilières et une galerie d’art oui vraiment on a perdu

l’hôtel s’est rénové et son restaurant renommé mais qu’importe on y vient toujours des autres rues y prendre un café s’y retrouver parler dans le vide ou pour de bon y croiser des voyageurs venus de l’autre côté du monde admirer la lumière sur les murs de béton

la chambre est petite debout les bras tendu tu en touches les deux parois parallèles et longues qui vont de son entrée à sa loggia au soleil le matin exposé et ton regard absorbé fuite en avant vers la montagne à l’horizon jeté celle-ci est jaune et la porte et la niche au creux du mur sculptée et la tache au milieu du blanc carré abstrait

je ne me souviens pas avoir touché le plafond tendu le bras l’avoir érigé pour tester cette faible hauteur tant la vue te tire tant l’espace respire à l’horizon je ne me souviens pas

déambuler des heures dans les rues promener son regard noter pour soi chaque détail leçon

monter sur le toit redécouvrir le paysage faire les cent pas et ne plus vouloir partir

rester là



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 13 juillet 2014.