ils avancent



une étendue corps abandonné de terre et d’acier le port grues éparses sur d’anciens fils de fer monde d’oubli ils sont deux regard au loin balayant des choses la surface en en percevant la profondeur toute entière silence sans un mot pour l’autre à peine en tête ils avancent
ici ou là quelques branches sorties de terre d’un mur qui dépassent d’un toit rappellent qu’ailleurs autre chose existe encore en-dessous au loin un rêve le grand rêve qu’un ciel gris fer plombe air vapeur de la centrale à charbon odeur saline froideur du vent cinglant les joues les mains dans les poches ils avancent
tout ce qui est a cette apparence du laissé pour compte sol comme murs conteneurs autant que grues temps arrêté moment suspendu on dirait des hommes les premiers pas sur l’une des terres inconnues juste le déplacement l’histoire entière dans ce déplacement moyen et but au témoin oculaire de produire la vie le mouvement de faire exister les choses les unes par rapport aux autres s’animant prenant vie ils avancent
souffle retenu esprit captif ils semblent absents l’un pour l’autre oubli de soi-même dernier appel dernier appel le port défile les quais ne les arrêtent plus s’amarrer impossible progression lente et perceptible ils avancent
jeu fini partie perdue inlassablement ils avancent



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 27 avril 2014.