apprendre à faire du vélo ou autre chose


on pourrait se demander d’où ça vient qu’on veut être architecte comment ça arrive comment un jour c’est là en soi comme une certitude un parti pris on pourrait se demander ce qui fabrique non l’envie de faire ni celle de construire de batir et ceux qui en sont là font fausse route mais la capacité à concevoir et l’espace de le voir bien que ce ne soit qu’en soi on pourrait se demander ce qui régit de la conception spatiale les lois et si c’est par la culture et l’enseignement qu’on les acquiert comment on voit ce qui n’existe pas jusqu’à le décrire le représenter le définir pour ceux qui le mettront droit

il est de commun que connaître ce qui existe construit l’être pour faire il est de commun que la culture ouvre les horizons à ceux dont la tête a faim mais est-ce la même chose que faire il est de commun qu’apprendre donne les moyens nécessaires éveille aux solutions plus qu’à la reflexion

à parcourir les villes sans cesse à tourner au coin des rues hasard de ce qui appelle à lever la tête baisser les yeux à énumérer dire re-dire et re-prendre encore on découvre plus qu’on ne peut nous apprendre on découvre selon son être son histoire ses lois on se découvre soi fabriquant un savoir qui en tout nous aidera

la question de l’enseignement s’est toujours posée à moi l’enseignement de la langue et des étrangères des mathématiques des sciences celui de la géographie comme celui de l’histoire aujourd’hui celui de l’architecture comme de tout autre savoir

après un déplacement de mes "archives" (je ne jette rien c’est terrible) je feuillette quelques cahiers d’écriture(s) me ramenant à l’année scolaire 76-77 sécheresse passée on était allés en vacances dans les pyrénnées en gs orange culottes courtes mon frère et moi sur la banquette arrière brulante de skaï et le mal de mer que la suspension hydraulique nous donnait même lorsque la route était droite et plate un enfer je me souviens l’été à travailler pour relever un niveau passable passable peut mieux faire et la question de se poser mieux faire mais que quoi et me revient la ville le havre le béton la lumière les lumières le sable et les galets la main frottée sur les murs lorsque je descendais les escaliers de la tour du front de mer quartier du perrey les fenêtres toutes les mêmes découpées en huit carrés les persiennes zinguées les abeilles qui quittaient le port pour revenir cordages tendus tirant des cargos d’acier et revient le musée-maison de la culture chaque fin de semaine traversé comme une place un jour de marché et les tableaux et la mer et l’espace comme ouverture sur la modernité table rase la ville de se refaire sur la vase qu’ai-je appris d’autre que ça

est-ce l’enseignement qui fabrique l’architecte l’auteur l’artiste ou bien est-ce simplement le lieu de l’éclosion de l’être

qui une école d’ingénieurs qui une fac de philo qui une un bep de menuisier qui juste son histoire à tirer

qui traine plus qu’il n’est

visitant le chantier de la cité radieuse de le corbusier à marseille l’architecte auguste perret avait dit à georges candilis architecte chargé du suivi des travaux pour le corbusier vous n’oublierez pas de dire à votre maître que c’est moi qui lui ait appris à faire du vélo m’avait répété candilis
le corbusier étudia l’art dans une école de la chaux-de-fonds et pratiqua l’architecture pour la première fois au retour d’un voyage en orient qui lui donna le goût pour l’espace l’urbain et l’indicible
il fit un stage chez auguste perret comme chez peter behrens mais ni l’un ni l’autre ne lui apprirent jamais à faire du vélo
seulement que le cadre en était d’acier



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écrit ou proposé par : Emmanuel Delabranche
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1ère mise en ligne et dernière modification le 3 août 2013.